C’est une première : début octobre 2024, à l’issue de la réunion de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, le député RN Bruno Bilde a été nommé pour accéder au conseil supérieur de l’Agence France Presse.
C’est à l’occasion de la commission des affaires culturelles du 2 octobre 2024, au cours de laquelle les commissaires ont procédé aux nominations des députés au sein des organismes extraparlementaires, que le député du Rassemblement national Bruno Bilde a été invité à siéger au sein du conseil supérieur de l’AFP. Après Prisca Thévenot et Emmanuel Grégoire, l’accès du député RN à un tel poste a suscité une certaine surprise puisque Bruno Bilde est perçu par certains comme un « adversaire de la presse ».
Une nomination plus honorifique qu’autre chose
« Ce n’est pas un organe stratégique », tente de se rassurer le député Sarah Legrain, qui a occupé la même fonction entre l’automne 2022 et juin 2024. Une remarque qui, quoique peu flatteuse pour ses propres fonctions passées, n’est pas complètement erronée : à l’inverse d’un conseil d’administration régulier, ce conseil relèverait davantage d’un « conseil de déontologie » et serait rarement saisi. C’est la raison même pour laquelle les députés NFP auraient préféré voter en faveur d’un député RN au sein d’une telle officine extraparlementaire au lieu de le faire accéder aux conseils de l’audiovisuel public – comme ce fut le cas pour Prisca Thévenot et Emmanuel Grégoire. Avec trois places éligibles à de telles officines, le RN devait nécessairement accéder à de tels postes, distribués au prorata du nombre des membres des groupes. Ainsi, les députés RN Caroline Parmentier et Bénédicte Auzanot ont obtenu des places au Conseil supérieur des programmes et au Conseil d’orientation stratégique de l’Institut français.
Radio France et France Télévisions : chasse gardée du conformisme
Pour les députés de gauche, « le pire a été évité ». « Moi, a ainsi expliqué le député apparenté Ensemble pour la République Belkhir Belhaddad dans un langage fleuri, ça me fait chier de leur donner ce genre d’accès, mais on n’avait pas le choix, c’est le plus gros groupe d’opposition, et on a surtout voulu éviter qu’ils aient Radio France et France Télévisions ».
Eu égard à la volonté réitérée du groupe RN de privatiser l’audiovisuel public, la présence de députés de ce groupe au sein des conseils d’administration de ces deux organes n’eût pas manqué de piquant.
À gauche, on voit aussi la nomination de Bruno Bilde comme une stratégie concerté du RN pour s’immiscer dans les affaires culturelles. « C’est une façon pour eux de continuer à s’institutionnaliser, à se faire du réseau, et c’est ça qui les intéresse », explique la LFI Sarah Legrain à Libération tandis que la rivale du député à Hénin-Beaumont, Marine Tondelier, déplore auprès de Médiapart : « Il s’est toujours vanté d’avoir un pouvoir de nuisance. Ce siège au conseil supérieur de l’AFP est une corde de plus à son arc. »
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