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Un entretien de Claude Chollet dans Epoch Times

16 février 2025

Temps de lecture : 5 minutes
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Un entretien de Claude Chollet dans Epoch Times

Temps de lecture : 5 minutes

Le président de l’Observatoire du journalisme (OJIM) a accordé au quotidien en ligne Epoch Times (édition française) un entretien au cours duquel il analyse le paysage médiatique français, le rôle néfaste de l’ARCOM, la disparition de C8, la tentative de retour des discrédités fact checkers et le formatage des écoles de journalisme.

Claude Chollet : « Dans un grand nombre de rédactions, la règle du jeu, c’est l’omerta. »

ENTRETIEN – Dans un entre­tien accordé à Epoch Times, le prési­dent de l’Observatoire du jour­nal­isme (OJIM) Claude Chol­let livre son regard sur le paysage médi­a­tique français. Il revient égale­ment sur la sup­pres­sion de C8 de la TNT et la défi­ance des Français vis-à-vis des médias.

Epoch Times : Claude Chol­let, vous êtes prési­dent de l’Observatoire du jour­nal­isme (anci­en­nement Obser­va­toire des jour­nal­istes et de l’information médi­a­tique, Ojim). Com­ment analy­seriez-vous le paysage médi­a­tique français en 2025 ? Est-il davan­tage plu­ral­iste qu’auparavant ?

Claude Chol­let : Si nous faisons une com­para­i­son entre 2015 et 2025, l’irruption de Vin­cent Bol­loré a changé un peu le paysage. Avec le grand suc­cès de CNews, dev­enue la pre­mière chaîne d’information con­tin­ue, le retour en forme d’Europe 1, l’arrivée d’une nou­velle équipe au JDD, un peu d’oxygène est par­venu dans l’atmosphère sou­vent con­finée des médias français.

Mais ce mou­ve­ment ne représente encore qu’une faible frac­tion de l’information, qui demeure dom­inée par un cer­tain pro­gres­sisme libéral lib­er­taire, majori­taire dans les rédactions.

En même temps, qu’en est-il de l’état de la lib­erté d’expression dans les rédac­tions ? Il y a deux semaines, Philippe Car­li, le prési­dent du groupe de presse Ebra a dû démis­sion­ner parce qu’il avait « liké » des pub­li­ca­tions de per­son­nal­ités « d’extrême droite ».

Il existe une vraie police de la pen­sée dans un grand nom­bre de rédac­tions. Et depuis longtemps.

Un exem­ple ancien, celui de Fab­rice Le Quin­trec qui a été plac­ardisé pen­dant dix ans (10 ans !) à Radio France pour avoir cité une fois (une seule fois) le quo­ti­di­en catholique Présent – dis­paru depuis – dans une revue de presse.

Plus récem­ment, Jean-François Achilli a été licen­cié par Radio France car soupçon­né sim­ple­ment de par­ticiper à une auto­bi­ogra­phie de Jor­dan Bardel­la. C’est sou­vent un autre jour­nal­iste qui va vous dénon­cer pour se met­tre à l’abri lui-même et indi­quer ain­si qu’il est con­forme aux valeurs dom­i­nantes de sa rédaction.

Dans un grand nom­bre de rédac­tions, la règle du jeu, c’est l’omerta, n’abordons pas les sujets déli­cats et met­tons un cor­don san­i­taire autour de toute per­son­nal­ité peu ou prou à la droite de l’extrême centre.

Une « Alliance pour les faits » a été inau­gurée lors du Som­met pour l’action sur l’intelligence arti­fi­cielle, le 10 févri­er, à l’initiative de médias publics français, européens et inter­na­tionaux. L’Observatoire du jour­nal­isme a réa­gi au lance­ment de ce réseau, dénonçant de « nou­veaux ‘ fact-check­ers’ mais cette fois au niveau inter­na­tion­al ». Y a‑t-il un risque de cen­sure ?

Ce réseau est soutenu par le Comité News de l’Union européenne de radio-télévi­sion (UER), insti­tu­tion créée en 1950 et qui fut notam­ment présidée par Del­phine Ernotte, qui a lancé à France Télévi­sions une croisade anti « mâles blancs ».

On peut légitime­ment s’interroger sur l’utilité et la per­ti­nence de la créa­tion de ce nou­v­el organe de con­trôle, à l’heure où les révéla­tions liées aux finance­ments généreuse­ment octroyés par l’agence améri­caine USAID devraient plutôt pouss­er les médias insti­tu­tion­nels à bal­ay­er devant leur porte avant de s’ériger en gar­di­ens de la « vérité » et de « l’indépendance », se per­me­t­tant de dis­tribuer les bons et les mau­vais points aux jour­nal­istes et lanceurs d’alerte véri­ta­ble­ment libres.

C’est le retour du fil­tre des fact-check­ers, au sujet desquels Mark Zucker­berg a souligné qu’ils fai­saient plus de mal que de bien. Une cen­sure qui ne veut pas dire son nom.

La chaîne C8 ne devrait plus être disponible sur la TNT d’ici le 28 févri­er, à la suite d’une déci­sion de l’ARCOM prise l’été dernier. Quel regard portez-vous sur la sup­pres­sion de C8 ?

Il s’agit d’une déci­sion claire­ment poli­tique. L’ARCOM, qui a suc­cédé au CSA, s’est don­né une mis­sion, étouf­fer autant que pos­si­ble les médias du groupe Bol­loré. Pas moins de 52 sanc­tions ont été infligées par le cou­ple CSA/ARCOM con­tre les chaînes de Vivendi.

Il n’était pas pos­si­ble de sup­primer la fréquence de CNews, c’était trop gros, alors on donne la fréquence de C8 plus petit pour l’attribuer à un ami, le tchèque Daniel Kretinsky (financier de Libéra­tion) ou à Ouest-France, tous deux proches de l’extrême centre.

L’ARCOM doit-elle être, selon vous, reformée ?

Je crains qu’une insti­tu­tion aus­si mal fagotée et par­tiale ne soit pas réformable. Il faut la sup­primer et la rem­plac­er par un autre organ­isme de con­trôle – car un con­trôle démoc­ra­tique est néces­saire – qui sera neu­tre poli­tique­ment et techniquement.

Les Français expri­ment de la défi­ance vis-à-vis des médias. Selon le baromètre La Croix/Verian/La Poste, 62 % des Français con­sid­èrent qu’il faut « se méfi­er de ce que dis­ent les médias sur les grands sujets d’actualité ». Com­ment inter­prétez-vous le peu de con­fi­ance qu’ont les Français dans les médias ?

Rien de nou­veau sous le soleil. Cela fait près de 40 ans que La Croix pub­lie une enquête sur la con­fi­ance des Français envers les médias avec des résul­tats tou­jours un peu plus négat­ifs. Com­ment inter­préter cette défiance ?

Les Français ressen­tent con­fusé­ment qu’une bonne par­tie de l’information est biaisée et s’en méfient de manière instinc­tive. Il faudrait remon­ter jusqu’à la for­ma­tion dans les écoles de jour­nal­isme, qua­si toutes for­matées selon le même prisme idéologique.

L’Observatoire du jour­nal­isme (OJIM) vient de pub­li­er une brochure, For­matage con­tinu, aux édi­tions de la Nou­velle Librairie, sur les 14 écoles de jour­nal­isme – 12 sont classées à gauche ou à l’extrême gauche. À ce titre, la reprise de l’ESJ – École Supérieure de Jour­nal­isme – par un groupe d’investisseurs, si elle n’est pas par­faite, est un signe d’ouverture à un peu plus de pluralisme.

Espérons que cette petite dose de plu­ral­isme per­me­t­tra de rétablir un peu la con­fi­ance des Français dans leur information.

Source : epochtimes.fr

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