Les éditions de la Nouvelle Librairie lancent une initiative originale, un prix de la micro-nouvelle. Nous avons posé quatre questions à un de ses initiateurs Grégory Roose sur cette création.
Le genre de la nouvelle en France — contrairement aux anglo-saxons — semble délaissé en France ? En voyez-vous les raisons?
Je fais également ce constat, mais je ne le comprends pas ! L’heure est au bref, au concis. Les gens n’ont presque plus de temps de cerveau disponible, aspirés par les écrans et le monde digital qui dispersent leur attention. La grande époque de la nouvelle française a disparu et pourtant, ce genre littéraire est parfaitement adapté à notre époque : un récit fictif bref comportant une poignée de personnages et se terminant par une chute surprenante. Tous les ingrédients du roman s’y trouvent de manière condensée et une nouvelle bien écrite peut transporter le lecteur aussi loin que le fait son grand frère. Quant à la micronouvelle, dont le Premier Grand Prix a été lancé le 15 janvier 2022, c’est un genre littéraire encore plus réduit et surprenant à bien des égards.
Pourquoi une micronouvelle et pas une nouvelle classique?
Le temps des lectures interminables au coin du feu se fait rare et la micronouvelle, interlude littéraire d’une rare puissance, apporte quelques instants d’intensité furtive dans nos existences d’esclaves du numérique. La micronouvelle est un genre littéraire méconnu dont l’objet est de raconter une histoire en prose dans un nombre très limité de caractères : 1000 signes (pas 1000 mots !). A l’instar de la nouvelle classique, sa chute peut surprendre le lecteur, l’émouvoir, le faire réfléchir ou être simplement esthétique. Dans tous les cas, elle doit susciter chez lui une intense émotion.
Si les gens sont capables de passer des heures à lire des publications sur les réseaux sociaux, ils peuvent se libérer un peu de temps pour lire, voire écrire, quelques fragments littéraires qui nourriront bien davantage leur esprit. C’est le pari que se sont lancés les organisateurs du Grand prix de la micronouvelle.
Attendez-vous des réponses d’auteurs confirmés, de débutants absolus?
Ce premier Grand Prix de la Micronouvelle a pour finalité de faire la promotion de ce genre littéraire méconnu qui peut devenir, dans un contexte de raréfaction du temps de cerveau disponible, un outil essentiel de diffusion et de promotion de la littérature brève, mais intense. Il a été créé à l’attention des écrivains en herbe, confirmés ou qui s’ignorent, car contrairement à ce que son format très court laisse paraître, il n’est pas si simple de rédiger une bonne micronouvelle ! C’est donc un véritable défi pour les auteurs confirmés et une opportunité, pour les auteurs débutants ou qui souhaitent le devenir, de rédiger une œuvre littéraire sans y passer deux à trois ans de sa vie comme c’est souvent le cas pour la rédaction d’un premier roman.
Qui sélectionnera les meilleures nouvelles et quelle sera leur récompense?
Toutes les œuvres seront lues par un comité de sélection, présidé par Sixtine Jeay, qui choisira celles qui seront publiées dans un recueil de micronouvelles édité par La Nouvelle Librairie. C’est parmi ces œuvres sélectionnées que le jury choisira sept finalistes, dont le lauréat du grand prix de la micronouvelle 2022 qui remportera un prix de mille euros et de nombreux lots à partager avec les finalistes. L’identité des membres du Jury, que j’ai l’honneur de présider, sera dévoilée tout au long de l’année, mais je peux déjà vous dire qu’il y aura de belles plumes, comme Julien Rochedy ou Romain Guérin. Nous avons déjà reçu des dizaines de participations provenant majoritairement de France, bien-sûr, mais également du Québec, de Belgique, de Suisse et… de l’île Maurice.
J’invite donc tous les lecteurs de l’OJIM à participer à ce grand prix en proposant leurs œuvres !