Un ancien rédacteur en chef de l’un des plus gros journaux allemands a révélé sa participation à ce qu’il appelle une « corruption de nouvelles » à l’œuvre dans les médias occidentaux.
Selon Udo Ulfkotte, ancien du Frankfurter Allgemeine Zeitung, cette manipulation à grande échelle est pilotée tout droit des États-Unis via la CIA avec pour but, ni plus ni moins, que de mener l’Europe dans une guerre contre la Russie.
Délire complotiste ? Sauf que M. Ulfkotte n’est pas n’importe qui. Ancien conseiller du gouvernement Helmut Kohl, il est membre du German Marshall Fund, a fait partie de la Fondation Konrad Adenauer de 1999 à 2003 et a été le cofondateur d’un mouvement de paix contre l’extrémisme islamique en Allemagne. Il a également remporté le prix civique de la Fondation Annette Barthelt en 2003.
C’est dans un récent livre, disponible uniquement en Allemand et intitulé « Gekaufte Journalisten (journaliste achetés) » qu’il a décidé de briser l’omerta. L’ouvrage est actuellement en tête des ventes sur Amazon.de.
Pour la télévision russe internationale RT, celui-ci explique qu’il a été « éduqué à mentir, à trahir, et à ne pas dire la vérité au public ». Devant l’accélération des événements et la montée des tensions avec l’est, le journaliste a décidé de sortir de son silence. Très inquiet d’une nouvelle guerre en Europe, il explique qu’« il y a toujours des gens derrière qui poussent à la guerre, et ce ne sont pas seulement les politiciens, ce sont les journalistes aussi ».
Ulfkotte va même jusqu’à assurer, à partir de sa propre expérience, que beaucoup de journalistes et de correspondants sont directement suivis par la CIA, jusqu’à servir d’espion. « J’ai été une “couverture non officielle”. La couverture non officielle, ça signifie quoi ? Cela signifie que vous travaillez pour une agence de renseignement, vous les aidez s’ils veulent que vous les aidiez, mais jamais, au grand jamais […] lorsque vous êtes attrapés, lorsqu’ils découvriront que vous n’êtes pas seulement un journaliste mais également un espion, ils ne diront jamais : “celui-ci était l’un des nôtres” », raconte-t-il.
Parlant de son pays, l’Allemagne, il explique que « nous sommes encore une sorte de colonie américaine, et, étant une colonie, il est très facile d’approcher les jeunes journalistes au travers des organisations transatlantiques », auxquelles appartiennent de nombreux hommes de presse. « Ce que font ces organisations transatlantiques, c’est de vous inviter pour voir les États-Unis, ils paient pour cela, ils paient toutes vos dépenses, tout. Ainsi, vous êtes soudoyés, vous devenez de plus en plus corrompus, parce qu’ils font de vous de bons contacts », poursuit-il.
Et ce phénomène ne se limite pas à l’Allemagne. Pour M. Ulfkotte, « c’est plus particulièrement le cas avec les journalistes britanniques, parce qu’ils ont une relation beaucoup plus étroite », mais aussi avec les journalistes israéliens. En France, l’emprise américaine est, selon lui, plus limitée sur le monde de la presse. « Il y a de nombreux pays où ça se passe, où vous trouvez des gens qui déclarent être des journalistes respectables, mais si vous regardez plus derrière eux, vous découvrirez que ce sont des marionnettes manipulées par la CIA », ajoute l’ancien rédacteur en chef du Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Et celui-ci de citer une anecdote. Un jour, les renseignements allemands lui demandent d’écrire un article contre le président libyen Mouammar Kadhafi. « Je n’avais absolument aucune information secrète concernant le colonel Kadhafi et la Libye. Mais ils m’ont donné toutes ces informations secrètes, et ils voulaient juste que je signe l’article de mon nom. Je l’ai fait. (…) Donc pensez-vous réellement que ceci est du journalisme ? Des agences de renseignement écrivant des articles ? »
Et malheur à qui refuserait les avances des renseignements ! Il perdrait tout simplement son travail. Ulfkotte confie que sa propre maison a déjà été perquisitionnée six fois « parce que j’ai été accusé par le procureur général allemand de divulgations de secrets d’État ».
Et le journaliste de conclure, avec une détermination qui fait froid dans le dos : « La vérité sortira un jour. La vérité ne mourra pas. Et je me fiche de ce qui va arriver. J’ai eu trois crises cardiaques, je n’ai pas d’enfants. Donc s’ils veulent me poursuivre ou me jeter en prison, la vérité en vaut la peine. »