Si vous n’avez pas vu le nom de Jean-Philippe Desbordes dans la presse, c’est normal.
Le mot « omerta » est souvent employé, parfois à outrance, pour qualifier le silence des médias de grand chemin sur certains sujets. Cependant, s’il est un mot qui convient pour qualifier le silence assourdissant de la presse à propos de la condamnation qui vient d’être prononcée à l’encontre de Jean-Philippe Desbordes, c’est bien celui-là.
Jean-Philippe Desbordes, tortures et barbarie
Si vous n’avez pas vu le nom de Jean-Philippe Desbordes dans la presse, c’est normal. Lorsque l’on tape son nom sur Google les références ne sont pas nombreuses. Trois articles publiés par France 3 Régions, La Dépêche et ELLE, nous apprennent que cet ancien journaliste vient d’être condamné, le 22 novembre 2024, à vingt ans de prison pour viol, actes de tortures et de barbarie sur les trois filles de son ancienne compagne.
L’affaire remonte à septembre 2020, date à laquelle Desbordes est mis en cause dans plus de 700 viols qu’il aurait commis sur les filles de son ancienne compagne. Ces viols auraient été accompagnés d’actes de torture et de barbarie. L’accusé a toujours nié les faits ; si les victimes parlent avec précision des sévices qu’elles ont subi, évoquant des humiliations multiples et répétées, Desbordes lui parle d’un « ressenti » des victimes.
Les psychologues mobilisés dans l’affaire parlent de l’accusé comme d’un être manipulateur ayant une haute idée de sa personne, selon ce que rapporte Elle.
Journaliste à France Inter et Libération
L’affaire n’est pas banale. Qu’elle soit l’objet d’un tel silence, surtout à l’heure de l’affaire Dominique Pélicot, a de quoi surprendre. Est-ce le CV de l’accusé qui pousse les médias, pourtant friands de ce genre d’histoires, au silence ? En effet Jean-Philippe Desbordes n’est pas n’importe qui. Il a été, durant des années, journaliste dans les plus grandes rédactions du pays. Radio France, France Inter, Le Canard enchaîné, Libération, le parcours de Desbordes est celui du parfait journaliste de gauche. Mis à part les trois médias cités plus haut ainsi que CNews, aucun média n’a daigné faire une ligne ou un sujet sur cette affaire.
Silence de Libération
Si ce silence ne surprend qu’à moitié lorsqu’on voit qui est l’accusé, il n’en reste pas moins scandaleux. Comment Libération, pour ne citer que lui, pourra continuer à se faire l’avocat de « toutes les victimes » lorsqu’il passe sous silence la souffrance de ces trois jeunes filles sous prétexte que le violeur est un ancien de la maison ? Dans une période marquée par la manière dont sont accusés, à juste titre, les violeurs de Mazan d’être dans le déni de ce qu’ils ont fait, les médias passent sous silence le déni de cet ancien journaliste. Comment justifier ce tel décalage ?
Nous le constatons donc avec regret, il y a les bonnes et les mauvaises affaires. Les bonnes sont celles qui feront de bonnes unes et des bonnes audiences. Les mauvaises sont celles qui pourraient éclabousser le journal, la chaîne ou la station. C’est ce genre de couverture à géométrie variable de l’actualité qui vaut à une certaine presse d’être victime d’une défiance toujours croissante.
Voir aussi notre dossier : Libération et la pédophilie, une longue histoire, première partie
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