Le personnel de Libération a voté jeudi 25 juillet l’arrivée de Fabrice Rousselot à la direction de la rédaction en remplacement de Nicolas Demorand qui cumulait cette fonction avec celles de président du directoire et directeur de la publication.
Depuis son arrivée à Libération en mars 2011, Nicolas Demorand a été plusieurs fois contesté pour le choix de ses unes, « Casse-toi, riche con ! » le 10 septembre 2012 concernant le projet d’exil bruxellois de Bernard Arnault, mais surtout « Affaire Cahuzac : le cauchemar continue » où le quotidien revenait sur « une piste explorée par Mediapart » (mais jamais publiée) selon laquelle le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius posséderait lui aussi un compte bancaire illégal à l’étranger. Cette une avait provoqué la sidération d’Edwy Plenel qui avait twetté : « Libération perd la tête : il transforme en information une rumeur sur Fabius en prétendant démentir une non-information de Mediapart ». La Société Civile des Personnels de Libération (SCPL) avait dénoncé une « faute déontologique grave ». « Cet épisode dommageable à l’image de Libération engage la responsabilité de Nicolas Demorand » et « illustre une nouvelle fois la mauvaise gouvernance du journal » écrivait-elle dans un communiqué, en insistant sur la nécessité d’une élection d’un directeur de la rédaction de plein droit, « en vertu des statuts de l’entreprise, réclamée depuis le 19 mars par 94% de l’équipe ». Demorand avait du présenter ses excuses.
La une sur Bernard Arnault avait entrainé le blocage des publicités du groupe (Dior, Kenzo, Givenchi, Louis Vuitton), prouvant au passage qu’une presse vivant de la publicité n’était pas libre de ses mouvements. Ceci, ajouté à une chute vertigineuse des ventes, avait placé Libération dans une situation inconfortable. Le nouveau directeur de la rédaction a aujourd’hui la lourde tache de relancer le journal moribond et de pacifier les relations entre la rédaction et la direction.