Décision inédite au Conseil de Prud’hommes mercredi 1er juillet. Condamné pour des faits de harcèlement sexuel au sein de la rédaction, le quotidien régional La Nouvelle République du Centre-Ouest l’a été pour des actes indirects.
« C’est la première fois qu’un conseil des prud’hommes ne déboute pas une salariée qui fait valoir que le harcèlement sexuel peut être constitué par des agissements qui ne lui sont pas directement destinés », note Marylin Baldeck de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT).
Les faits remontent à 2012, à la rédaction de Châteauroux, lorsque la plaignante a vu ses conditions de travail se dégrader suite à « des propos à connotation sexuelle et sexiste [qui] sont proférés dans le cadre de l’agence ». Cela se traduisait, au quotidien, par « des photos de femmes à forte poitrine installées en fond d’écran d’ordinateurs et des vidéos qui circulent par courriels » ou encore « des propos vulgaires et insultants à l’encontre d’une de ses collègues ».
En effet, selon l’AVFT, les trois collègues masculins de la journaliste s’interpellaient en permanence avec des insultes à connotation sexuelle et faisaient sans arrêt des remarques de ce type. Et quand celle-ci se plaignait, on lui faisait remarquer qu’elle « manquait d’humour » et qu’elle allait « casser l’ambiance ». Au bord de la dépression, elle sera mise en arrêt par son médecin en janvier 2013 avant d’être licenciée pour inaptitude un an et demi plus tard.
Ainsi, dans sa décision condamnant le quotidien, le Conseil de Prud’hommes a‑t-il retenu le licenciement sans cause réelle et sérieuse mais aussi le harcèlement moral et sexuel tout en reconnaissant que ce harcèlement ne s’est jamais exercé de manière directe. Une première.