Le Reuters Institute et l’université d’Oxford ont rendu publique mi-juin 2019 une enquête mondiale sur la confiance des médias menée avec l’institut de sondages américain YouGov. Sans surprise la confiance globale est encore en baisse de 2 points, 42% des sondés ayant une opinion positive des médias.
Méthodologie
L’échantillon, étudié par internet en janvier/février 2019, couvre 38 pays et 75000 questionnaires. 24 pays européens, 6 pays des Amériques, 7 pays d’Asie-Pacifique (mais pas la Chine) et un pays africain, l’Afrique du Sud. Chaque pays est étudié via un sondage représentatif de 2000 questionnaires, sauf Taiwan avec 1000 réponses.
Niveau général de confiance en baisse
42% des sondés seulement ont confiance dans les médias, en baisse de deux points par rapport à l’enquête 2018. Avec des échelles de confiance très hétérogènes. Plus de 50% dans cinq pays : Finlande, Danemark, Hollande, Canada, Portugal. Moins de 30% pour Taïwan, Hongrie, Grèce, France, Corée. A l’intérieur du même pays le clivage de confiance peut être partisan. Aux Etats-Unis 53% des démocrates ont confiance dans les médias, contre 9% des républicains, confirmant la coupure peuple/élites d’un pays où 98% des quotidiens soutenaient la candidature d’Hillary Clinton contre Donald Trump en 2016.
Des clients peu disposés à payer pour l’information
Sauf en Scandinavie (Norvège et Suède en tête), les « clients » sont peu disposés à payer pour de l’information alors qu’ils souscrivent de plus en plus massivement à des abonnements de divertissement en ligne type Neflix. Globalement 11% des sondés sont prêts à débourser quelque chose (abonnement, adhésion, don) pour de l’information. Le cas ces États-Unis est de nouveau à part : les grands quotidiens bénéficient d’un effet « anti-Trump ». Trump est un excellent chasseur d’abonnements pour ceux qui combattent sa politique et son style. Le New-York Times dépasse les 3,3 millions d’abonnés pour son édition digitale et le Washington Post a dépassé le million.
Le téléphone roi
Le premier contact avec l’information est le téléphone mobile. Même si la télévision demeure la première source d’information devant les réseaux sociaux, la télévision est vue d’abord sur un téléphone. En 2013 seuls 25% de l’échantillon avaient recours au téléphone pour les nouvelles, ils sont 66% en 2019.Hegel disait que la prière de l’homme moderne est la lecture des journaux du matin. On pourrait dire que la prière de l’homme post-moderne est la consultation de son téléphone mobile. Les alertes sur mobiles sont utilisées par un sondé sur cinq. La mode des tablettes a été éphémère et s’efface rapidement.
Les réseaux sociaux plébiscités
Le groupe Facebook caracole en tête pour la diffusion de l’information. Si on additionne Facebook, Instagram et WhatsApp, le groupe agglomère 57% d’audience pour la recherche d’information. Instagram et WhatsApp explosent, le dernier obtient plus de 50% d’audience au Brésil, en Malaisie et en Afrique du Sud.
Les agrégateurs de contenus progressent en Europe, avec des audiences de 17% pour Google News, 5% pour Apple News et 4% pour Upday alors que les podcasts audios voient leur usage en forte augmentation, quasi un tiers des sondés y ont recours.
La France en berne
L’effet gilets jaunes a certainement joué. Seuls 24% des deux mille sondés français ont confiance dans les médias, en baisse de 11 points par rapport à 2018.
Alors que la télévision dominait le paysage en 2013 avec 84% des sondés français la citant comme première source d’information elle ne fait plus que jeu quasi égal avec les réseaux sociaux en 2019 : 71% contre 68%. Sur la même période l’imprimé s’écroule passant de 46% à 18% comme source principale de nouvelles.
Facebook ne semble pas pâtir des scandales qui l’affectent avec 46% d’usagers (+5%). YouTube touche un sondé sur cinq alors que Twitter (9% d’usagers) est presque rejoint par Instagram et WhatsApp tous deux en forte progression en France.