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Une Maison des Médias de gauche à Paris ?

5 novembre 2018

Temps de lecture : 5 minutes
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Une Maison des Médias de gauche à Paris ?

Temps de lecture : 5 minutes

C’est un peu un serpent de mer dont la tête doit émerger début 2019. La création d’une Maison des médias à Paris dans un immeuble à rénover, boulevard de Charonne dans le XIème, dont le propriétaire est la ville de Paris. Un projet lancé en 2017, dont le chef de file sera choisi début 2019 pour une ouverture en 2020/2021. État des lieux.

Un immeuble à réaménager

Poste Nation I” au 67–69 boule­vard de Charonne à Paris, ancien bâti­ment occupé par Enedis (qui gère la dis­tri­b­u­tion d’électricité en France quelque soit le four­nisseur, EDF ou un con­cur­rent), avait été amé­nagé par son occu­pant en poste de trans­for­ma­tion élec­trique. Le trans­former en immeu­ble com­mer­cial de bureaux néces­sit­era de gros travaux.

Il existe déjà une Mai­son des économies sol­idaires et inno­vantes, sur le canal de L’Ourcq. Une réal­i­sa­tion de la ville de Paris qui domine le con­seil d’administration. Elle regroupe des acteurs dédiés à la lutte con­tre le gaspillage comme le Chain­on man­quant (dis­tri­b­u­tion des sur­plus des pro­fes­sion­nels de l’alimentation), Shamen­go (qui réalise des por­traits d’entrepreneurs « verts »), des sociétés de dis­tri­b­u­tion écologiques comme Bio­cy­cle etc, le tout avec une tonal­ité de gauche rose/rouge/vert. Envis­agée comme Mai­son des médias, la sur­face s’est révélée trop exiguë.

La gauche Médiapart en ordre de bataille

Nous vous en informions le 17 avril 2018, Olivi­er Legrain, cap­i­taine d’industrie, mécène et psy­chothérapeute (sic) a pro­posé de met­tre plusieurs mil­lions d’euros pour une « Mai­son des médias de gauche » :

« Un riche mécène, Olivi­er Legrain (ancien directeur de Materis, main­tenant Prési­dent de Mersen, matériel élec­trique) va inve­stir dans une Mai­son des Médias Libres. L’immeuble est déjà choisi avec le con­cours de la mairie de Paris, au 67 boule­vard de Charonne, dans le XIème arrondisse­ment. Olivi­er Legrain est déjà action­naire du tout en ligne gauchiste Bas­ta­m­ag et des Jours fondés par des anciens de Libéra­tion. Selon La Let­tre A du 18 juil­let 2017, il met­trait plusieurs mil­lions d’euros sur la table pour accueil­lir un cer­tain nom­bre de rédac­tions « con­formes » soit entre 300 et 500 per­son­nes. @rrêtsurimages de Daniel Schnei­der­mann aurait décliné l’invitation. Par con­tre Alter­na­tives économiquesLes JoursBas­ta­m­agPolti­tisMedi­a­part suiv­raient le mou­ve­ment. Medi­a­part est chef de file et fait par­tie des qua­tre can­di­dats à  l’appel d’offres Legrain/Mairie. Le pro­jet pour­rait voir le jour à un hori­zon 2020/21. »

Le pro­jet rebon­dit à l’automne 2018 avec l’examen des appels d’offres pour répon­dre au pro­jet de mise à dis­po­si­tion de la ville de Paris. La Mai­son des médias libres, tel est le nom du pro­jet dont le chef de file est Médi­a­part, rassem­blerait les rédac­tions d’une par­tie de la gauche libérale lib­er­taire. Out­re les titres cités plus haut, le groupe So Press (Soci­ety, So Foot, Pédale etc…), Le Monde diplo­ma­tique, Reporterre d’Hervé Kempf, Philoso­phie mag­a­zine, les édi­teurs Le Seuil et Les Arènes. D’autres titres pour­raient venir s’amalgamer. Le titre du pro­jet Les Médias libres laisse aimable­ment enten­dre que les autres médias ne le seraient pas.

La can­di­da­ture de Médi­a­part et alliés est soutenue par une bro­chette de sou­tiens pro­gres­sistes, habitués des tri­bunes libres du Monde. Ils en ont d’ailleurs pub­lié une le 15 octo­bre 2018 pour appuy­er cette can­di­da­ture, avec les sig­na­tures habituelles d’Edgar Morin, Patrick Boucheron, William Bour­don et autres Thomas Piketty :

« Ce serait à la fois un lieu pub­lic de ren­con­tre et d’échange, d’exposition et de for­ma­tion autour du jour­nal­isme, et un lieu pro­fes­sion­nel pro­posant des locaux à des médias unis par la défense de l’indépendance et de la lib­erté de l’information. La grande diver­sité des pro­mo­teurs de ce pro­jet en garan­tit le plu­ral­isme, tout comme leur engage­ment à faire de ce lieu un espace de débat et de réflex­ion, d’expérimentation, de pro­mo­tion de nou­velles formes de pro­duc­tion et de dif­fu­sion de l’information, ouvert à tous les publics et acces­si­ble à tous les médias qui le souhaitent.»

On peut sourire de l’appel au plu­ral­isme et au débat et à la réflex­ion, et de l’ouverture à tous les publics, quand on voit la liste à la fois des sig­nataires et des médias con­sid­érés, tous habitués à l’entre soi de principe et à un étroit poli­tique­ment correct.

91 projets déposés, quatre finalistes

La réno­va­tion du bâti­ment de 6000 m² néces­sit­era des finance­ments de plusieurs dizaines de mil­lions indique La Let­tre A du 17 octo­bre 2018. La liste des final­istes n’est pas encore con­nue offi­cielle­ment, mais qua­tre pro­jets sem­blent se dis­tinguer. Out­re la Mai­son-des-médias-de-gauche-plu­ral­iste-pour-la-lib­erté-et-le-débat déjà citée, le groupe immo­bili­er Nex­i­ty, un autre acteur immo­bili­er Novax­ia et un groupe famil­ial Bati­part. Nex­i­ty pro­pose une « cité ludique », Novax­ia un « théâtre immer­sif » et Bati­part un « MurMure ».

Une grande con­fu­sion règne sur la com­po­si­tion du jury, en théorie anonyme. Cer­tains con­cur­rents ignor­eraient les noms des mem­bres alors que d’autres en seraient infor­més, facil­i­tant ain­si des démarch­es divers­es et var­iées pour les influ­encer. Le pre­mier prési­dent du jury qui choisira (ou aurait déjà choisi) les final­istes est le social­iste Emmanuel Gré­goire, devenu pre­mier adjoint d’Anne Hidal­go. Le prési­dent du jury qui départagera les final­istes est Jean-Louis Mis­si­ka, adjoint chargé de l’urbanisme.

Le choix sera à la fois financier et poli­tique. Financier car il fau­dra pou­voir compter sur un pro­mo­teur pro­fes­sion­nel et finan­cière­ment à l’aise, de ce point de vue, Nex­i­ty ou Novax­ia sont mieux placés. Mais d’un autre côté, attribuer un bâti­ment pres­tigieux un an avec les élec­tions munic­i­pales à Paris, à une rib­am­belle de médias-de-gauche-plu­ral­iste-lib­er­taire-libérale-poli­tique­ment-con­forme peut représen­ter un atout de choix pour Anne Hidal­go dont la réélec­tion est tout sauf certaine.

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