« Chaque jour à 19h45, la rédaction franco-allemande d’Arte Journal propose une approche européenne et culturelle de l’actualité. Un regard original sur le monde. »
Voilà ce qu’on peut trouver écrit sur la plate-forme de replays en ligne de la chaîne Arte depuis 22 ans. C’est donc avec intérêt et curiosité que l’OJIM se lance dans un visionnage intensif de cette émission durant la semaine du 16 novembre 2020. Pendant cette période, la structure du journal se présente comme suit : on parle d’Union européenne, puis de la pandémie, puis de l’actualité internationale et enfin on termine sur un sujet culturel. La place des sujets peut varier et chacun est détaillé à l’aide d’un reportage.
Colgate sourit jaune
Avec son sourire Colgate, similaire à celui de tous les présentateurs TV, l’animatrice d’Arte Journal nous présente ses nouvelles quotidiennes avec une apparence de neutralité qui s’effondre aussitôt que les reportages commencent. Arte Journal est capable de faire deux reportages totalisant 6 minutes au sujet des attentats islamistes (replays du 17 novembre) en prononçant une seule fois le mot « Islam » et jamais le mot « musulmans ».
Sur la récente réussite de l’entreprise privée Space X qui envoie pour la première fois des astronautes dans l’espace Arte Journal se contente de souligner que les fusées russes ont perdu leur monopole et que l’un des 4 astronautes envoyés est une femme, la hiérarchie de l’information est ici assez curieuse.
Au sujet de la pandémie qui occupe une énorme place de l’actualité depuis bien trop longtemps, Arte Journal, le 16 et le 17 novembre, nous parle en priorité des malheureux artistes contemporains dont les expositions, progressistes et nécessaires, sont laissées à l’abandon. Si l’on veut des données chiffrées sur l’évolution de la maladie il faudra aller voir ailleurs, sur Arte Journal il n’est question que d’attendre le précieux vaccin qui, seul, pourra mettre un terme à cette désagréable situation.
Union européenne, les bons et les mauvais élèves
En termes d’écologie on peut voir Arte Journal encenser la ville allemande de Landshut qui recycle ses bus diesel en remplaçant les moteurs thermiques par des moteurs électriques. À la fin du reportage il est précisé fort pertinemment que l’Union européenne impose justement des quotas pour sauver la planète. Merci à la grande Allemagne de montrer l’exemple à ses petits camarades de classe.
Sur les sujets de société on attaque surtout les mauvais élèves de l’Union européenne tel que la Pologne qui a l’insolence de vouloir interdire l’avortement chez elle. Le 18 novembre d’après Arte journal les féministes mènent là-bas une lutte sans merci contre le fanatisme et l’obscurantisme du gouvernement. Rien de nouveau sous le soleil, Arte n’aime pas la Pologne, on le savait déjà.
Arte Journal qui sait fort bien éviter l’amalgame entre Islam et terrorisme en est paradoxalement incapable lorsqu’il s’agit d’autres types d’informations. Par exemple, le 17 novembre, Arte Journal expose que les dirigeants polonais et hongrois bloquent l’adoption du budget européen alors qu’ils en seraient les premiers bénéficiaires. Voilà bien une chose invraisemblable. Alors qui faut-il croire, Arte Journal qui n’interroge pas sur le fond et donne des informations en apparence contradictoires ? Ou bien les « mini Trump » populistes qui se priveraient sciemment de la sainte manne européenne ? On peut aussi parler de l’ancien président de Moldavie qui vient d’être battu lors des élections présidentielles. L’information à retenir : le candidat qui a été battu était proche de Poutine et celui qui gagne est une femme, le reste n’a aucune importance.
Arte, la chaîne de l’UE, contre les Européens
Le problème d’Arte Journal est probablement que c’est le journal de la chaîne Arte. L’OJIM avait déjà publié plusieurs articles sur cette chaîne qui est, dans sa structure et sa fondation même, le produit d’une idéologie politique.
Arte devait être une chaîne européenne pour les Européens. Il est regrettable qu’elle n’en profite pas pour montrer certains défauts de l’Union européenne au lieu de perpétuellement encenser un système. Cela demanderait un tout petit peu d’esprit critique, un ingrédient dont Arte Journal est dépourvu. Mais en veut-on à un enfant d’admirer ses parents et de prétendre qu’ils sont les meilleurs ? Arte Journal, qui existe depuis 22 ans, pourrait grandir un peu et adopter un regard adulte sur le monde qui l’entoure. La chaîne semble entretenir cet état enfantin en embauchant des journalistes ultra conformistes ou progressistes. On se référera au portrait de l’OJIM sur Élisabeth Quin pour se faire une idée. Après tout Arte veut « une Europe de l’intégration et du métissage », nous en parlions déjà en 2017.
Le militantisme d’Arte n’est donc plus un secret et il n’est pas nécessaire d’être particulièrement formé ou politisé pour percevoir les parti pris flagrants des journalistes durant les reportages. Cette chaîne, nourrie et éduquée dans un carcan idéologique, n’a d’autre fonction et d’autre but dans la vie que de prolonger l’œuvre de ses parents. Comment s’appelle un journaliste militant ? Un propagandiste ?