Le débat parlementaire sur la loi de « sécurité globale » a ouvert une séquence médiatico-politique que le gouvernement doit espérer oublier rapidement. L’extrême gauche ne pouvait par contre espérer meilleur alignement des planètes.
L’article 24 du projet de loi sur la « sécurité globale »
Le fameux article 24 du projet de loi appelé de « sécurité globale » interdisant la diffusion d’images de policiers correspond sans nul doute à une volonté du ministre de l’intérieur de redorer le blason du gouvernement auprès des forces de l’ordre. Des forces de l’ordre mises à l’épreuve tant par la montée de la délinquance que par le bilan calamiteux de son prédécesseur, Christophe Castaner, l’homme qui voulait s’agenouiller.
Il n’en demeure pas moins que la polémique née de deux « bavures » commises par des policiers cette semaine a totalement fait oublier une autre motivation de Gérald Darmanin : celle de mettre un terme à la surexposition malsaine des policiers en service sur les réseaux sociaux.
Manifestation des clandestins place de la République : une opération des no border réussie à 100%
L’occupation le 23 novembre 2020 de la place de la République à Paris par des clandestins a une nouvelle fois mis en lumière la maestria de l’extrême gauche dans l’utilisation de l’agit-prop, l’agitation et la propagande. Car c’est bien la médiatisation que recherchaient les militants no borders quand ils ont poussé les clandestins à occuper la place de la République et en y installant une forêt très dense de tentes, au mépris de toutes les règles sanitaires. Un signe ne trompe pas : le ban et l’arrière ban des médias nationaux étaient présents.
L’évacuation ordonnée par le fameux préfet de police Lallement a donné lieu à quelques bousculades savamment relayées par les médias de grand chemin. Un motif en or pour s’apitoyer sur les « exilés » et autres « réfugiés ». Manque de chance, quand Le Parisien interroge l’un d’entre eux le 24 novembre, il s’agit d’un Afghan qui a séjourné plusieurs années en Suède, un pays qui n’a pas renouvelé son titre de séjour…On aura compris que la France est devenue le réceptacle des déboutés du droit d’asile et des clandestins de l’Europe entière…
Les images d’un policier faisant un croche-pied à un migrant parachevaient la mise en scène visant à faire des clandestins des victimes. Les conséquences ont été immédiates :
— À grand renfort de publicité, la ministre déléguée au logement annonçait que plus de 245 clandestins étaient immédiatement « mis à l’abri ».
— Le débat sur la « légitimité » du fameux article 24 de la loi sur la sécurité globale était relancé.
C’est donc une séquence rondement menée de manifestation-répression-indignation qui a totalement atteint l’objectif assigné par les militants no border. Une séquence complaisamment relayée par les médias de grand chemin qui se sont posés en dames patronnesses offusquées, une nouvelle fois à rebours de l’opinion majoritaire des Français pour qui l’évacuation des clandestins était justifiée, selon un sondage présenté par CNews.
Un producteur pris à parti par des policiers : une véritable aubaine
Comme si cela ne suffisait pas, les images du « passage à tabac » selon Le Monde d’un producteur de musique par des policiers le 21 novembre ont rapidement été diffusées sur les réseaux sociaux. La scène a comptabilisé plusieurs millions de vues.
Une nouvelle fois, les médias de grand chemin, à l’image du Monde le 27 novembre, cherchent les caractéristiques les plus stéréotypées : « trois policiers blancs (distribuent) des coups de poing, de pied, de genou et de matraque à un homme noir qu’ils veulent interpeller ». Le journal apporte une nouvelle précision : « Toujours selon son témoignage, les policiers profèrent à son égard de nombreuses insultes racistes. « Sale nègre ».
Un casting et un scenario parfaits, presque à la George Floyd. Il n’en fallait pas plus pour en faire un scandale d’État et faire tanguer la majorité présidentielle sur l’opportunité d’un article de loi prohibant la diffusion d’images de policiers.
Dès le 27 novembre, le président de la République réagissait sur Twitter :
« Les images que nous avons tous vues de l’agression de Michel Zecler sont inacceptables. Elles nous font honte ».
Dans ce contexte tourmenté, les médias de grand chemin défendant le fameux article 24 de la loi de « sécurité globale » étaient en ce dernier week-end de novembre bien rares :
- Pour Slate, « l’article 24 vous effraie, attendez l’article 25 ».
- La radio affiliée à l’État français FranceInfo donne la parole à un député Modem : « La preuve est faîte que cet article 24 n’arrive pas au bon moment ».
- France culture se pose sans détour la question de savoir si « la loi sur la sécurité globale menace la démocratie ».
- Le Monde donne la parole à un juriste : « La France devient le premier pays sécuritaire de l’Union européenne ».
- Le Figaro n’est pas en reste qui évoque « un pataquès politico-institutionnel qui laissera des traces dans la majorité ».
Une grille de lecture binaire
À ce stade, l’enchainement des événements apparait comme optimal pour l’extrême gauche : des brutalités policières qui permettent de présenter des clandestins en victimes, des policiers violents qui auraient proféré des insultes racistes, des images vidéo qui permettent de filmer ces scènes et ont un rôle de garde-fou. S’il est possible de s’écarter de cette lecture binaire des événements, on ne peut pas dire que ce sont les médias de grand chemin qui nous y aident.
Les occupations illégales pour forcer les autorités à loger des clandestins
L’occupation illégale de la place de la République par des clandestins téléguidés par des militants no border dans l’objectif d’une prise en charge n’est pas une nouveauté. C’est même devenu un exercice obligé : rechercher la lumière des projecteurs braqués par les médias pour faire pression sur un gouvernement qui, dans tous les cas, choisit le social au détriment du régalien.
Pour ne donner qu’un exemple, en juin de cette année, plus de 70 « jeunes » clandestins évalués majeurs occupaient la place de la République. Une opération réussie puisqu’ « un site (d’hébergement NDLR) a été trouvé » selon la mairie de Paris citée par Libération le 4 août.
Une indignation sélective
Médias, associations, people, députés et même le président de la République : ils ont été nombreux à dénoncer le « passage à tabac » du producteur de musique. Le croche pied contre un migrant place de la République a également été largement commenté et dénoncé dans les médias de grand chemin.
Par contre, ces derniers ont été beaucoup plus discrets, voire muets, quand il s’agissait de dénoncer les violences policières contre des gilets jaunes de la France périphérique. Comme le demande sans détours Fiorina sur le site Polémia, une jeune femme éborgnée lors d’une manifestation : « Pour avoir l’attention des médias et de l’IGPN, faut-il être immigré ? ».
La fabrique de victimes
L’observateur attentif aura compris que lors d’un emballement médiatique qui confine au lynchage, rares sont ceux qui oseront ne pas aller totalement dans le sens du courant.
Valeurs actuelles est bien seul à s’enquérir de ce que pensent les policiers au sujet de l’arrestation du producteur de musique. L’article qui y est consacré donne quelques éléments de contexte totalement passés sous silence par les autres médias, de nature à relativiser une lecture qui pourrait être totalement binaire : gentille victime, méchants flics.
Su Facebook, M. L. commente deux captures d’écran du producteur de musique :
« À gauche Michel tabassé par la police. A droite le même Michel le lendemain chez Cyril Hanouna. Je sais bien que les maquilleuses font des miracles mais là… Plus fort que le vaccin Covid il nous faut leurs secrets ».
Le contributeur d’Atlantico Nicolas Moreau est tout aussi acerbe :
« 15 000 policiers et gendarmes blessés chaque année. 20 à 25 morts par an en opération. 50 suicides. Tous les médias s’en foutent. Par contre un gars se prend 6 jours d’ITT pour une intervention qui dégénère et tous les médias hurlent à la dictature. Bouffons. »
Sur exposition sur les réseaux sociaux
C’était il y a quatre ans, un siècle à l’aune de l’actualité médiatique marquée par des emballements aussi intenses qu’éphémères. Un couple de policiers était sauvagement assassiné à Magnanville. L’islamiste qui a commis ce geste a diffusé les images de l’attentat sur son compte Facebook, une publication abjecte que des internautes auront pu voir.
Le Parisien soulève dans un article du 9 novembre le problème que pose la manie très prisée par les racailles de filmer les interpellations des délinquants. Les images des policiers qui sont intervenus sont ensuite rapidement diffusées sur les réseaux sociaux, ce qui contribue à leur sur exposition et la mise en difficulté de leurs familles.
Un député LREM pointait début novembre sans le nommer Taha Bouhafs dans un Tweet, cité notamment par Valeurs actuelles :
« Les « journalistes » militants, chasseurs d’images anti-police, sont contre le projet de loi #SecuriteGlobale. Ils sont contre le fait de masquer le visage d’un policier, parfois père ou mère de famille. Je m’interroge donc sur leurs intentions. #Jesoutienslapolice #police ».
Il est vrai que Taha Bouhafs, faux journaliste et vrai militant, ne manque pas une occasion pour créer le buzz en filmant les situations où il est « en contact » avec la police.
Tous ces éléments de contexte devaient être rappelés après la folle semaine autour de la loi de sécurité globale de cette fin de mois de novembre. Elle nous aura montré toute la maestria de l’extrême gauche pour fabriquer des victimes et parvenir à ses fins, l’accueil inconditionnel des clandestins, la perpétuelle mise en accusation de la police. Pendant ce temps, la question tant des violences policières qui doivent pouvoir être filmées et dénoncées, mais également de l’instrumentalisation d’images de policiers par des racailles et autres pseudo journalistes mais vrais communautaristes, reste entière. Une ligne de crète dont, à l’heure où ces lignes sont écrites, on ne sait pas comment le gouvernement se sortira : abandon en rase campagne ou adoption par les députés du fameux article 24 de la loi de sécurité globale.
Quant à savoir si les lois actuelles, souvent inappliquées, sont suffisantes pour réprimer les excès liés à la diffusion d’images de policiers, c’est une autre histoire…