Le 35e anniversaire de Junge Freiheit coïncide avec la victoire de leur journal contre le ministre de l’Intérieur de Rhénanie du Nord-Westphalie, Herbert Reul (CDU). Un jugement qui souligne une fois encore le statut constitutionnel de la liberté de la presse dans notre pays. Par leur décision, les juges du tribunal administratif de Düsseldorf ont condamné le ministre à s’abstenir dorénavant de donner des avertissements négatifs à leur publication.
De plus, Reul est contraint par le tribunal à revenir sur une déclaration, faite il y a un an aux délégués des services de police chargés des problèmes d’extrémisme, selon laquelle le simple fait de lire Junge Freiheit pourrait être considéré comme un indice de « tendances d’extrême-droite ».
Ingérence dans le débat d’opinions
Une fois encore, la Rhénanie du Nord-Westphalie : Junge Freiheit avait déjà intenté une action en justice contre ce Land. Dix ans de procédures et plusieurs instances. Il y a 16 ans déjà, en mai 2005, la Cour constitutionnelle fédérale rendait une décision sans précédent contre le ministère de l’Intérieur de Rhénanie du Nord-Westphalie, qui mentionnait leur journal dans ses rapports sur la protection de la constitution depuis 1995. Ces « rapports soupçonneux » avaient alors été qualifiés d’entrave grave à la liberté de la presse – et ils avaient eu gain de cause.
Déjà à cette époque, la position du tribunal fédéral, consultable dans les registres, était claire quant à ce que représente un haut niveau de liberté de la presse dans un État de droit et quant aux conséquences discriminatoires pour un journal si un ministre, bien que tenu par ses fonctions à maintenir la neutralité politique, s’immisce dans le débat public en émettant des avertissements.
Ce dernier arrêté de Düsseldorf devrait trouver un certain écho au-delà des clivages politiques. Après tout, l’Allemagne est censée être un havre de paix pour la démocratie et la liberté de la presse. Mais il y a un silence gêné partout, sauf chez leurs confrères du Frankfurter Allgemeine Zeitung et du Welt. Les services de presse, habituellement à l’affût sur les téléscripteurs, par exemple de toute mention d’interruption de congé parental de rédacteurs en chef comme nouvelle de dernière minute, sont bruyamment silencieux.
La monotonie politiquement correcte
Malgré tous les discours qui exigent « plus de couleurs », plus de « tolérance », plus de « variété » et plus de « diversité », notre monde médiatique tend vers la monotonie politiquement correcte. Dans son sillage, une joie non dissimulée lorsque les médias conservateurs ou de droite sont discriminés par l’État.
Il est possible que les déclarations de Reul soient l’une des nombreuses raisons pour lesquelles, dans le dernier sondage mensuel réalisé pour le Frankfurter Allgemeine Zeitung, jamais autant d’Allemands ne se sont plaints de ne plus pouvoir exprimer librement leurs opinions politiques : c’est l’avis de pratiquement un Allemand sur deux. Un signal alarmant.
Source : Junge Freiheit du 10 juillet 2021