L’Observatoire du journalisme publie régulièrement des articles sur la situation de la presse en Hongrie, ce pays faisant souvent l’objet d’un traitement partial de la part des médias français. Les révélations récentes dans la cadre de l’affaire USAID viennent donner raison à notre travail sur le paysage médiatique de cette nation d’Europe centrale et orientale.
Une presse d’activistes
Drôle d’indépendance que celle qui consiste à recevoir des fonds du gouvernement américain, en tout cas de celui de Joe Biden, le duo Trump-Musk ayant ordonné la liquidation de cette manne qui était destinée à promouvoir « la démocratie ». Il est désormais avéré que l’USAID a financé au total 6200 journalistes et 700 organes de presse.
En Hongrie, les médias d’opposition forment un secteur vigoureux ouvertement hostile au pouvoir en place. Les médias Telex, 444, Partizán, et bien d’autres, attaquent le Premier ministre Orbán, ses alliés et ses amis politiques au quotidien, dans un style qui ferait rougir la presse oligarchique française. En réalité, sous couvert d’indépendance et d’objectivité, ces organes de presse hongrois sont des activistes avec un seul objectif : liquider Viktor Orbán et ses alliés.
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Le pot aux roses découvert
Le plus grand bénéficiaire des programmes USAID en Hongrie n’est autre que Telex et son académie de formation ayant touché la somme de 740 000 dollars. Et que dire de la société éditrice du média 444, Magyar Jeti Zrt., qui a été aidée par le contribuable américain pour se payer un studio d’enregistrement flambant neuf ou encore un site annexe, Qubit, au rôle prétendument scientifique, mais qui reprend en réalité tous les thèmes de la théorie du genre et du lobby LGBTQ.
Cette pluie de dollars était facilitée par l’ancien ambassadeur US à Budapest David Pressman, ennemi juré du Fidesz, marié à un homme et « père » de deux petits garçons, qui veillait au grain pour arroser les médias suivants : Magyar Hang, Átlátszó, a Klubrádió, Jelen, Magyar Narancs, Tilos Rádió, Szabad Pécs, Borsod 24, Szol 24, Szabolcs 24, Debreciner, Nyugat.hu, etc. Mais encore, sous la forme de subventions : Élet és Irodalom, le groupe d’influenceurs Fókusz Stúdió, Magyar Narancs, Szegeder, eNyugat et Revizor Online. Et la liste est encore longue, en réalité quasiment tous les médias d’opposition hongrois ont bénéficié du soutien américain, par le biais de subventions et l’intermédiaire de l’ambassadeur Pressman.
La directrice de l’USAID et la gauche hongroise
Il y a deux ans, lors de sa visite à Budapest, Samantha Power, alors directrice de l’USAID, avait d’ailleurs en partie été dévoilé ce système d’influence en s’entretenant avec nombre de responsables de cette presse dite « indépendante » en appelant très concrètement à aider à développer leur audience et à faire le nécessaire pour assurer leurs sources de revenus.
Et la patronne de l’USAID n’avait alors pas caché ses liens avec la classe politique hongroise opposée au Fidesz. En effet, une photo confirme que Gábor Polyák, le chef du cabinet chargé de la politique de la presse et des médias du candidat de gauche au poste de premier ministre en 2022, et conseiller de l’ancien cabinet du premier ministre Ferenc Gyurcsány, a rencontré séparément Samantha Power et David Pressman.
Il est important de noter que c’est Polyák, que l’on peut difficilement qualifier d’indépendant, qui dirige l’atelier d’analyse du média Mérték, qui, avec l’aide de la fondation Ecocompass, favorisée par Bruxelles, a décidé quels médias en dollars devaient recevoir des fonds américains.
Une collaboration de longue date
Dans le même temps, les données de l’USAID montrent également qu’avant la visite de Power, des journalistes recevaient de l’argent des États-Unis. La soi-disant Fondation des journalistes indépendants, par exemple, a reçu 24 838 dollars en 2018, soit près de 10 millions de forints aux taux de change actuels, pour former des journalistes du département d’État américain dans le cadre des programmes de diplomatie publique, qui visent à soutenir la politique étrangère des États-Unis. En 2020–2021, elle a reçu 19 000 dollars pour organiser un dialogue social sur l’impact de 1945, tandis qu’en 2019–2020, elle a reçu 18 000 dollars pour un fonds journalistique destiné à commémorer 1989.
La fondation, qui compte actuellement un seul membre, a présenté son dernier rapport financier en 2022, mais il y a quelques années, elle collectait des dons fiscaux d’un pour cent avec Direkt36, un portail également financé par George Soros, qui vient de publier un reportage à charge contre le Premier ministre hongrois et sa famille.
Les indépendants crient au scandale
Ayant constaté qu’une source importance de ses revenus allait être coupée, cette presse a titré en masse « La presse indépendante en danger en raison des mesures de Trump ». Que cette presse ne soit pas objective sur les questions de politique intérieure est un secret de polichinelle en Hongrie. Les lecteurs hongrois savent tous ce qu’ils consomment, et l’aspect « pro- versus anti– » du paysage médiatique est parfaitement intégré dans la culture hongroise.
Les Hongrois savent désormais qu’un pan entier de la presse hongroise a couvert la campagne présidentielle américaine en ayant des liens directs avec l’administration de Biden. Un constat qui devrait interroger au-delà des frontières de la Hongrie, en France notamment, où la grande presse campe souvent sur des positions clairement anti-Trump.
Yann Caspar
Voir aussi : Les financements occultes de l’USAID aux médias libéraux libertaires d’Europe centrale et orientale