Après un article de Valeurs Actuelles où étaient divulgués les rendez-vous de deux journalistes du Monde enquêtant sur Nicolas Sarkozy, la polémique enfle et 14 grands médias ont publié un communiqué commun pour dénoncer une « atteinte grave au secret des sources ».
Pour comprendre cette levée de boucliers, il faut revenir au 15 octobre dernier, veille de la sortie de la dernière édition de VA. Dans un article publié ce soir-là était détaillée la liste des rendez-vous de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, journalistes au Monde enquêtant actuellement sur Nicolas Sarkozy.
L’hebdomadaire affirme que les deux hommes ont été reçus à l’Élysée, au ministère de la Justice et au pôle financier juste avant la publication de certains papiers qui mettaient en cause l’ancien chef de l’État. « Nicolas Sarkozy reste la cible prioritaire du pouvoir et de certains journalistes qui, bénéficiant de la violation du secret de l’instruction orchestrée par des juges, mettent en place une stratégie visant à empêcher son retour », écrit Valeurs Actuelles.
Le soir même, le débat atteint jusqu’à l’Assemblée nationale avec le député UMP Georges Fenech, soutien de Nicolas Sarkozy, qui demande au Premier ministre des explications sur ce « cabinet noir anti-Sarkozy ». Réponse de Manuel Valls : « Nous sommes dans un État de droit, et ce gouvernement en particulier respecte le travail de la justice et les magistrats. »
Dans la foulée, Le Monde annonce qu’il va demander au parquet de Paris l’ouverture d’une enquête pour espionnage, ainsi que déposer une plainte en diffamation et injures envers Valeurs Actuelles. « Au vu de l’article de Valeurs actuelles, il apparaît maintenant que les faits et gestes de nos collaborateurs étaient surveillés et qu’ils ont été probablement suivis », a estimé le directeur du Monde, Gilles Van Kote, dans un éditorial.
Et celui-ci d’ajouter : « Ces méthodes visent clairement à empêcher nos journalistes d’effectuer leur travail d’investigation. Elles constituent une atteinte au secret de nos sources totalement inacceptable. »
Dans un communiqué commun publié vendredi 17 octobre, 14 rédactions de médias ont condamné l’article de l’hebdomadaire de droite, dénonçant une « atteinte grave au secret des sources ». Le communiqué est signé des sociétés des rédacteurs et des journalistes du Monde, du Figaro, du Parisien, du Nouvel Observateur, du Point, des Échos, de Radio France, de Mediapart, de Rue89, de L’Express, de Libération, d’Europe 1, de RFI, et de TF1.
« Cette atteinte grave au secret des sources est indigne de notre métier », peut-on lire dans le communiqué. Et de poursuivre : « Nous soutenons nos confrères Gérard Davet et Fabrice Lhomme, chargés du suivi des affaires judiciaires au Monde, dont Valeurs actuelles a détaillé les rendez-vous. Nous tenons à rappeler qu’il n’y a pas de sources sans protection des sources. Qu’il n’y a pas d’information libre sans sources. Que c’est la démocratie qui est menacée quand il n’y a plus d’information libre. »
De son côté, la SDJ du Figaro, quotidien pourtant assez proche de VA, a ajouté qu’il n’était « pas sain que des journaux en surveillent d’autres, et prétendent discerner des arrière-pensées dans tel ou tel article ».
Valeurs Actuelles se retrouve au banc des accusés, pointé du doigt jusque chez ses confrères les moins hostiles. Une polémique de plus qui ne change rien à la constante progression des ventes de l’hebdomadaire, contrairement à celles de ses confrères qui ont tendance à diminuer. De quoi faire des envieux ?