Coup de tonnerre dans le paysage économique français, depuis la matinée du 24 avril 2018, Vincent Bolloré, l’industriel breton, l’homme qui a toujours triomphé dans ses affaires, est en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire à Nanterre.
Affaires africaines
Les investissements de Vincent Bolloré en Afrique – et les relations politiques qui les accompagnent – ne datent pas d’hier. Présent dans une quarantaine de pays du continent, ses activités sont tentaculaires : stockage, terminaux de conteneurs, concessions ferroviaires, plantations d’hévéas et de palmiers à huile, la liste est impressionnante. Un deuxième terminal portuaire, un des plus grand d’Afrique pour les conteneurs, est annoncé à Abidjan, est projeté courant 2019.
Le groupe Bolloré est soupçonné d’avoir aidé des « amis », en l’espèce le Président guinéen Alpha Condé et le Président togolais Faure Gnassingbé, tous deux réélus en 2010. Peu de temps après leur élection (un peu avant au Togo), Africa Logistics du groupe Bolloré se voyait octroyer ou renouveler des concessions portuaires dans ces deux pays.
Havas mis en cause
Havas, l’agence de publicité du groupe est soupçonnée d’avoir « facilité » les élections des deux chefs d’État en sous-facturant des prestations à hauteur de plusieurs centaines milliers d’euros. Le responsable international d’Havas et le directeur général du groupe Bolloré étaient eux aussi en garde à vue au moment où cet article est rédigé.
Une ombre politique
Il faut une très grande dose de naïveté pour imaginer que les affaires d’une certaine envergure – en Afrique comme ailleurs et un peu plus qu’ailleurs – se font sans relations politiques. La vente des turbines d’Alstom à General Electric France en 2014, aurait-elle pu se faire sans les relations politiques de la Présidente de GE France, Clara Gaymard ? Clara Gaymard ancienne présidente de l’AFII, l’Agence Française pour les Investissements Internationaux et épouse d’Hervé Gaymard ancien ministre de Jacques Chirac.
Vengeance médiatique
Vincent Bolloré est très attaqué par les médias depuis la reprise de Canal+ et de CNews (ex i>Télé) par le management du groupe. Le magazine de France 2, Complément d’enquête avait rediffusé un violent documentaire à charge contre Vincent Bolloré et son groupe en 2016. L’homme d’affaires avait alors porté plainte pour préjudice commercial et réclamé 50 millions d’euros de dommages et intérêts.
Les exécrables relations de Vincent Bolloré avec les médias dominants lui ont-elles nui ? Le documentaire de France 2 a‑t-il été un pétard à retardement qui a déclenché l’enquête ? Il est trop tôt pour le dire. Cependant un homme qui contrôle Havas, Canal+, CNews, une partie de Telecom Italia a sans doute de puissants amis et également de puissants ennemis.