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Vincent Bolloré, l’homme qui inquiète, mais qui ?

21 mars 2022

Temps de lecture : 3 minutes
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Vincent Bolloré, l’homme qui inquiète, mais qui ?

Temps de lecture : 3 minutes

Qui est vraiment Vincent Bolloré ? Le patriarche, le conservateur, l’entrepreneur, le magnat des médias, le catholique, le flibustier ? C’est ce à quoi veut répondre – avec une bonne dose de fiel – Vincent Beaufils, directeur de la publication de Challenges à travers une biographie plutôt hostile, publiée aux éditions de l’Observatoire. Visite guidée.

Voir aus­si : Bernard Arnault étend son empire médias avec le groupe Challenges

La transmission

Du 17 févri­er 1822 date de la pose de la pre­mière pierre de la man­u­fac­ture de papi­er à cylin­dre à Ergué-Gabéric (Fin­istère) au 17 févri­er 2022 où le groupe Bol­loré pèse 24 mil­liards d’euros avec 80.000 per­son­nes, il y a une obses­sion famil­iale : la trans­mis­sion. Comme les Das­sault, les Gal­li­mard, Vin­cent Bol­loré est un héri­ti­er. Mais un héri­ti­er qui veut pren­dre sa revanche sur un père mondain et léger qui a con­duit l’héritage au bord de la ruine et qu’il a dû recon­stru­ire et éten­dre. Le 17 févri­er 2022 il rend son tabli­er à ses enfants avec un titre qui sonne comme un gag « con­seiller du prési­dent du direc­toire ». À Cyrille le trans­port et la logis­tique, à Yan­nick la pub­lic­ité et les médias. À lui la stratégie globale ?

Vous avez dit communication ?

Bol­loré c’est CNews, bête noire des libéraux lib­er­taires pour avoir don­né la parole à un seg­ment d’opinions représen­tant 25/30% de la pop­u­la­tion, et avec suc­cès. Mais Cnews c’est beau­coup moins de 1% des activ­ités de l’activité médias du groupe. Viven­di c’est d’abord Edi­tis, puis Havas, puis Canal+, sans oubli­er la part minori­taire dans Uni­ver­sal Music Group qui per­me­t­tra de récupér­er au pas­sage entre 6 et 8 mil­liards de cash, c’est aus­si le groupe Pris­ma, Europe1 et un petit peu Cnews. C’est aus­si des ambi­tions sur le JDD, Paris Match et surtout Hachette. Et l’idée de con­cur­rencer Net­flix et Dis­ney en devenant « un Ber­tels­mann à la française ».

Voir aus­si : Viven­di, les ambi­tions de Yan­nick Bolloré

Le breton catho

Si la présence du groupe en Bre­tagne sur le plan des effec­tifs (quelques cen­taines de per­son­nes) est surtout sym­bol­ique, Vin­cent Bol­loré a tou­jours voulu garder un lien fort avec sa région. En sauve­g­ar­dant les emplois lors du pas­sage des papiers Bol­loré pour cig­a­rettes (mar­que Job), mis­sels et vol­umes de La Pléi­ade, aux papiers plas­ti­fiés pour l’industrie. Des Glé­nans aux édi­tions bre­ton­nantes, le groupe reste attaché à la région de Quim­per. L’attachement à un cer­tain catholi­cisme tra­di­tion­nel (foy­er Jean Bosco) va de pair.

Des coups et des échecs

Des échecs il y en a eu. Adieu la « blue car » élec­trique que l’on pou­vait voir en recharge et en loca­tion à la demande à Paris sur les Autolib; adieu les bat­ter­ies pour voitures où env­i­ron un mil­liard d’euros ont été investis. Ne restent que les auto­bus élec­triques. Adieu la boucle fer­rovi­aire de 3000 kms reliant Abid­jan à Lomé. Adieu les rêves ital­iens autour de Tele­com Italia, brisés sur la rouerie de Sil­vio Berlus­coni. Mais bon­jour les raids sur la SCAC et Del­mas Viel­jeux, Havas, Viven­di et plus récem­ment sur le groupe Lagardère. Sans compter le suc­cès toni­tru­ant du groupe de musique UMG mis en bourse avec fra­cas et gros profits.

La biogra­phie entre­pre­neuri­ale de l’auteur est con­stam­ment empreinte d’admiration feinte et de détes­ta­tion bien chré­ti­enne (de gauche), on peut s’en pass­er sans oubli­er que Vin­cent Bol­loré seule­ment 70 ans et bien­tôt nan­ti de 5/6 mil­liards d’euros de la vente de ses activ­ités por­tu­aires à venir, n’a sans doute pas dit son dernier mot de ses aven­tures d’entrepreneur. Comme on dit dans les romans feuil­letons, à suivre.

Vin­cent Beau­fils, Bol­loré, L’homme qui inquiète, L’Observatoire, 2022, 20€

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