Des actes de violence de « militants antifas » ont fait les titres des journaux ces dernières semaines. Ainsi, le 12 septembre, les manifestations contre les ordonnances Travail ont donné lieu selon Le Figaro à des violences par des « antifas » en marge des cortèges. Le 23 septembre, RT nous informe que des antifas ont perturbé un discours de Jean-Luc Mélenchon. Début octobre, selon L’Express, des individus qualifiés d’« antifas » soupçonnés d’avoir incendié le 18 mai 2016 une voiture de police occupée par des policiers étaient jugés à Paris. Dans la couverture de ces événements, les auteurs de violence sont qualifiés d’antifas. L’utilisation de ce terme par certains médias est-elle justifiée ou erronée ?
Des faits multiples
Lors du meeting de J.L. Mélenchon, « des coups ont été échangés avec des antifas », selon un reporter de RT France, alors que ceux-ci tentaient de perturber le discours du leader de la France Insoumise. « Ce qui semble être une bombe de gaz lacrymogène a également été utilisée » relate le site RT. Le 12 septembre, ce sont selon Le Figaro « une centaine (d’antifas) capuchés et masqués (…) présents en tête de cortège (qui) ont affronté les forces de l’ordre à coups de projectiles variés et de fumigènes ».
En octobre, ce sont selon L’Express des « antifas » qui sont jugés car accusés d’avoir incendié un véhicule occupé par des policiers en mai 2016. On pourrait multiplier les exemples.
Les « militants antifas » se présentent dans leurs multiples blogs comme s’opposant au totalitarisme. Ils se définissent en fonction d’une opposition « intellectuelle » à une idéologie. Le substantif du mot « militant » suggère une personne agissant pour une cause par les idées.
Peut-on dire lors les 3 évènements relatés – l’incendie d’une voiture occupée par des policiers, la perturbation d’un discours d’un homme politique, des affrontements avec la police lors de manifestations – que les « antifas » aient de quelque manière que ce soit entrepris un travail de conviction propre aux militants ? Sont-ils sur le terrain politique du débat d’idées ?
Antifas ou simples casseurs ?
Dans les années 80, les termes moins ambigus de « casseurs » et d’« autonomes » étaient utilisés pour qualifier les auteurs de violences lors de manifestations. Utiliser l’appellation d’« antifas » que les casseurs s’attribuent revient à donner un vernis politique à des actions violentes.
Rares sont les titres qui, comme Sud-Ouest réfutent ce vernis et qualifient les auteurs de violences de « black blocks » et « autonomes ». Cela n’empêchera pas le journaliste Claude Askolovitch dans une chronique sur Arte de déplorer le fait que les « antifas » soient en quelques années passés du statut de héros (pour qui ?!) à celui de « nouveaux diables »… « Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde », la citation d’Albert Camus a encore toute sa pertinence…
Crédit photo : aftershow via Flickr (cc)