C’est désormais une habitude : des scènes de guérilla urbaine émaillent les manifestations les plus importantes organisées à Paris. Dans ce chaos devenu rituel, il y a les idiots utiles, ceux qui minimisent les événements et, plus rares, les lanceurs d’alerte. Revue de presse.
La manifestation organisée à Paris le 5 décembre 2020 contre la loi de sécurité globale a, comme la semaine dernière, été marquée par de nombreuses violences. Voitures incendiées, jets de cocktails molotov, commerces et devantures incendiées, marteau jeté contre un policier, chasse aux forces de l’ordre, la situation était encore une fois totalement hors de contrôle dans le centre de Paris. Les milices d’extrême gauche tiennent le haut du pavé, et elles le tiennent fermement. Il y a un an, l’Ojim soulignait le jeu d’ombres présenté par les médias de grand chemin à l’occasion de la manifestation des gilets jaunes du 16 novembre 2019.
Un an après, rien ne semble avoir changé : la question du maintien de l’ordre et de la stratégie employée est toujours largement passée à la trappe dans les médias de grand chemin. Alors que cela constitue potentiellement un scandale d’État. Le rejet en 2018 par la majorité des députés au parlement du lancement d’une commission d’enquête sur les black blocs, évoqué notamment par L’Opinion, est une nouvelle illustration de l’omerta à ce sujet.
Les idiots utiles
Plusieurs leaders politiques ont fermement condamné les violences commises en plein centre de Paris. Pillages, incendies, agressions, etc. sont désormais devenus un spectacle quasiment et tristement banalisé.
Le député La France Insoumise Éric Coquerel était invité par BFMTV le soir du 5 décembre pour commenter la manifestation. On cherche vainement tout au long de son interview la moindre condamnation des violences commises par les black blocks lors de la manifestation. L’obsession d’Éric Coquerel, c’est « la violence sociale » du gouvernement qui expliquerait la montée des tensions.
« Un jour trotskyste, trotskyste toujours », c’est le constat fait par Jean-Yves le Gallou lors de l’émission IMedia sur TV Libertés (37,5 min) du 3 décembre, en commentant des images montrant « une connivence entre un black block et un des responsables du char » sur lequel Edwy Plenel harangue la foule lors de la manifestation du 28 novembre à Paris.
Policiers et petits commerçants dans le même sac sur France Inter
Si vous vous interrogiez à quoi sert la redevance, vous savez désormais pour quoi et surtout pour qui. La redevance sert notamment à payer les humoristes ricanant de la radio affiliée à l’État français, France Inter. Le 5 décembre, c’était jour de manif contre les violences policières et la loi sur la sécurité globale.
Le « chroniqueur » Guillaume Maurice de France Inter “tweete” à 10h53 pour l’occasion :
#BonneManif #ACAB #AllCopsAreBisounours pic.twitter.com/gpb8iyNcC5
— Guillaume Meurice (@GMeurice) December 5, 2020
Pour les non-initiés, ACAB veut dire « all cops are bastards ». Tous les flics sont des bâtards. À peine quelques jours plus tôt, c’était contre les commerçants qu’il livrait le « combat du siècle », comme nous en informe Marianne. Une belle illustration de l’esprit d’indépendance qu’entend promouvoir la radio d’État.
Pas de condamnation à attendre non plus du « journaliste » communautariste Taha Bouhafs qui s’exprime sur Twitter : « Il n’y a pas de bons ou de mauvais manifestants ».
Les « incidents » qui ont émaillé la manifestation parisienne
Comme la semaine précédente, la manifestation du 5 décembre a été marquée par de très nombreuses violences et des scènes de guerre civile. Heureusement, l’AFP est là pour distribuer les éléments de langage aux médias de grand chemin :
Sérieux incidents lors de la manifestation contre la loi sécurité globale à Paris #AFP pic.twitter.com/uc5IlYhOrp
— Agence France-Presse (@afpfr) December 5, 2020
On hésite pour comprendre le terme employé entre les 2 sens du mot « incident » :
« Petit évènement qui survient » ou « évènement peu important en lui-même mais capable d’entraîner de graves conséquences ». Guillaume Pot recadre les événements sur Twitter :
https://twitter.com/Guillaume__Pot/status/1335297536366678019
Les lanceurs d’alerte
À qui servent ces violences visiblement tolérées ? Si la syndicaliste policière Linda Kebbab ne répond pas à cette question, elle souligne néanmoins devant Jean-Jacques Bourdin que « les Black blocks sont connus, identifiés par les flics et on les laisse rentrer dans les manifs ». Elle ajoute qu’elle a été menacée d’enquête par la police des polices, l’IGPN, suite à ces déclarations.
En ce jour de violence, Linda Kebbab (SGP police) reconnait publiquement que les Blackblocs sont connus, identifiés par les flics et on les laisse rentrer dans les manifs
▶️ Menaces d’enquête IGPN pour demander à L. Kebbab de se taire.
Pourquoi @GDarmanin?#StopLoiSecuriteGlobale pic.twitter.com/BQXa51Uhnm— Philippe Murer 🇫🇷 (@PhilippeMurer) December 5, 2020
Le criminologue Xavier Raufer affirme quant à lui au micro de TV Libertés :
Xavier Raufer, criminologue…
“Le problème des blacks blocks dans les manifestations peut être résolu à la minute” !
“Je témoigne du fait que la direction des renseignements de la Préfecture de Police dispose pour la région parisienne de la liste des 200 individus concernés”. pic.twitter.com/OM9Z7R11XR— Barbara78 (@dragonduclos) November 29, 2020
Si la peur a changé de camp, elle est sûrement maintenant du côté des policiers et des commerçants dont l’outil de travail est régulièrement vandalisé par les fils de bourgeois. Ainsi, sur Twitter, Batmantrooper peut affirmer en toute tranquillité :
https://twitter.com/1erMamene/status/1335302179486363649
Les modérateurs de Twitter, si prompts à suspendre les comptes de l’OJIM et consorts, sont pour une fois aux abonnés absents.
Au final, le temps passé par les médias à parler en surface des violences urbaines aura permis d’éluder quasi totalement certaines joyeusetés de la loi sur la sécurité globale, la surveillance par drones, les nouveaux pouvoirs donnés aux agents de sécurité, etc. Une affaire rondement menée. De son côté le président annonce sur Brut la création « d’une plateforme contre les discriminations »…
Voir la tribune « contre la haine » signée par Christophe Meurice et 90 personnalités dans Le Monde du 15 octobre 2019.