Lors d’une fête familiale le 17 février 2022, Vincent Bolloré a remis officiellement les clés de la maison à ses deux fils, Cyrille et Yannick. C’est ce dernier qui reprend la présidence de Vivendi. Il a présenté ses projets lors d’un entretien au Figaro, nous en soulignons les grandes lignes.
Un Vivendi sans Universal Music Group (UMG)
La grande nouveauté de 2021 a été la mise en bourse d’UMG dont Vivendi ne garde plus que 10% des parts mais qui a permis à Vincent Bolloré d’empocher environ 6 milliards d’euros au passage. Canal+ se porte bien avec 9 millions d’abonnés en France et un peu moins de 15 millions à l’international. Prisma média a été acheté au printemps 2021 et intégré, Havas dépasse les 2,3 milliards d’euros, Editis est en pleine forme, les jeux vidéo de Gameloft sont bénéficiaires, le groupe Vivendi frôle les 10 milliards de chiffre d’affaires et les profits sont proches de 700M€. Tout va très bien Madame la marquise…
Plus de synergies et plus d’international
L’ambition affichée est de rivaliser avec les grands groupes américains du type Disney ou Netflix. Le réservoir d’abonnés à Canal+ en France est faible. L’objectif de 30 millions d’abonnés ne pourra être atteint que par le développement international où Havas réalise déjà 80% de son chiffre d’affaires. L’Italie où le groupe s’est cassé les dents face à Berlusconi dans le dossier Telecom Italia et l’Espagne semblent des cibles prioritaires. Certaines versions en ligne des magazines de Prisma pourraient être exportées. Le groupe affiche vouloir jouer les synergies, certains livres pourront devenir des jeux vidéo ou des podcasts. Le groupe utilise largement Havas pour ses créations, certains d’ailleurs lui reprochent ce comportement de marché captif.
Et Hachette ?
Yannick Bolloré semble très volontariste pour l’intégration d’Hachette ex Lagardère à Editis qu’il ne dit pas vouloir revendre. Il sous-estime — peut-être volontairement – les obstacles que les autorités de réglementation de la concurrence (en France et à Bruxelles) mettront sur sa route. Sans compter Gallimard, qui se battra bec et ongles contre la fusion ou essaiera de faire vendre Editis si la fusion se réalise, en espérant récupérer quelques pépites.
Ne pas oublier que le groupe Bolloré est en train de vendre ses actifs portuaires en Afrique, 5 ou 6 milliards d’euros. De quoi jouer de nouveau au Monopoly industriel et médiatique. L’éditeur américain Simon & Schuster raflé par Bertelsmann pour 2 milliards d’euros pourrait être une belle prise en cas de revente. Par ailleurs Bolloré s’est toujours intéressé au Figaro et au groupe Dassault, qui pourraient dans un avenir imprévisible devenir des cibles intéressantes, en toute amitié bien sûr. On voit mal le « retraité » Vincent Bolloré ne pas jeter un œil attentif sur la suite.
Voir aussi : groupe Bolloré, infographie