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Vœux à la presse de Macron, liberté côté cour, répression côté jardin

18 janvier 2020

Temps de lecture : 4 minutes
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Vœux à la presse de Macron, liberté côté cour, répression côté jardin

Temps de lecture : 4 minutes

Le 15 janvier 2019, Emmanuel Macron a présenté ses traditionnels vœux à la presse, dont LCI en a fait la retranscription partielle. Retour sur les grands points exprimés à cette occasion.

Défense officielle de la liberté de la presse

Ceci étant dit, les défis ne sont pas minces. À com­mencer par la lib­erté qui pèse sur la lib­erté fon­da­men­tale de la presse. En 2019, 49 jour­nal­istes ont été tués parce qu’ils étaient jour­nal­istes.

L’une des pre­mières phras­es de Macron a con­sisté à se posi­tion­ner en faveur de la lib­erté de la presse, surtout con­cer­nant les jour­nal­istes tués à l’international. Sujet évo­qué par le dernier rap­port sur la lib­erté de la presse de RSF où l’on avait aus­si appris que la France n’était pas très bien classée dans le con­cert des nations…

Et mise en place de la muselière par la loi Avia

Mais der­rière les grands dis­cours lénifi­ants sur la “lib­erté fon­da­men­tale de la presse”, il y a la volon­té de musel­er la lib­erté d’expression et la défense par le gou­verne­ment (et Macron) de la loi Avia (qui s’attaque à la loi de 1881 sur la lib­erté de la presse). On peut aus­si men­tion­ner la pro­mo­tion par Cédric O, actuel secré­taire d’État au numérique, lors des votes relat­ifs à cette loi, d’un amende­ment visant à oblig­er “les annon­ceurs à pub­li­er la liste de tous les sites où ils dif­fusent leurs pub­lic­ités” afin de tuer les médias non con­formes. Macron n’hésite d’ailleurs pas aus­si à faire la pro­mo­tion de l’encadrement des jour­nal­istes pen­dant ces vœux.

Tout en encourageant un encadrement

Il faut évidem­ment réguler et régle­menter. Ne vous trompez pas en com­bat­tant toute forme de régu­la­tion, car la régu­la­tion a sauvé votre méti­er à plusieurs repris­es.

La régu­la­tion qui sauve, comme dans 1984 d’Orwell où la Novlangue pre­scrivait « la lib­erté c’est l’esclavage » Prob­a­ble­ment une manière de défendre la créa­tion récente d’un con­seil de déon­tolo­gie pour les jour­nal­istes , der­rière lequel on pré­sume la présence dis­crète mais agis­sante du gouvernement.

Critique de la démocratisation du journalisme

Si cha­cun dans la rue peut faire du jour­nal­isme avec son télé­phone portable sans qu’on puisse savoir qui, com­ment et à quel moment… alors il n’y aura plus de jour­nal­iste.
Si quiconque peut se con­sid­ér­er comme jour­nal­iste, la capac­ité à tenir la vérité sera dif­fi­cile.

La pos­si­bil­ité don­née à cha­cun d’informer comme cela a été vu pen­dant les man­i­fes­ta­tions de gilets jaunes et autres, où un sim­ple télé­phone per­me­t­tait de suiv­re les événe­ments, ne sem­ble donc pas plaire au Prési­dent Macron. Imag­ine-t-il qu’empêcher n’importe qui de filmer une man­i­fes­ta­tion per­me­t­tra de mieux dis­simuler les tirs de flash-ball dans la tête de cer­tains man­i­fes­tants ? La capac­ité à tenir la vérité libérale lib­er­taire, leur vérité serait en effet con­fron­tée à moins de difficultés.

Lutte contre les fake news et critique des réseaux sociaux

Nous sommes aus­si con­fron­tés à la lutte con­tre les fauss­es infor­ma­tions, les détourne­ments sur les réseaux soci­aux. L’é­d­u­ca­tion reste le fonde­ment de cette lutte.

Que serait main­tenant un dis­cours sur la presse sans évo­quer la lutte con­tre les fake news, dont l’éducation serait désor­mais le meilleur out­il ? En avant vers des cours spé­ci­aux de réé­d­u­ca­tion pour appren­dre à tra­quer les fauss­es infor­ma­tions ? Pour ce qui est des réseaux soci­aux, Macron rap­pelle sa défi­ance envers eux, con­forme à sa volon­té de les fli­quer.

Notre gou­verne­ment y tra­vaille pour les lim­iter en péri­ode élec­torale. Il est néces­saire, dans une péri­ode où chaque minute compte et où la démoc­ra­tie est en jeu, qu’un juge puisse rétablir la vérité.

Pour ce qui est des péri­odes élec­torales, Macron dit y tra­vailler, les GAFA le font déjà comme on a pu le con­stater lors des élec­tions européennes de 2019, ce qui ne l’empêche pas de les cri­ti­quer dans un amour-haine très macronien.

Attaque des GAFA

Aujour­d’hui, votre tra­vail est pil­lé par les grandes plate­formes du numérique.
Vous êtes l’ob­jet d’un chan­tage : celui du déréférence­ment. Les procé­dures sont engagées devant l’au­torité de la con­cur­rence et nous ne céderons rien. Il en va de la capac­ité de créer et d’in­former dans notre pays.

C’est donc à une véri­ta­ble charge con­tre les GAFA à laque­lle s’est adon­né Macron en écho aux prob­lèmes de Google avec la jus­tice française. Ce qui ne l’empêche cepen­dant pas de s’allier avec Face­book con­tre la lib­erté d’expression quand ça l’arrange.

C’est toute la magie de la poli­tique du “en même temps”, cri­ti­quer les GAFA mais les utilis­er, défendre en paroles la lib­erté de la presse et d’expression puis la restrein­dre en pra­tique. Le tout, accom­pa­g­né de « sym­pa­thiques » évo­lu­tions lég­isla­tives en per­spec­tive si on se fie à ses dires.

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