Si les journaux publient des articles sur la crise chez le constructeur automobile, accusé d’avoir fraudé sur les émissions de gaz à effet de serre de ses voitures, ils n’auront pas de pub. C’est en substance le chantage qu’a tenté d’exercer le constructeur allemand, avec la finesse d’un char Panzer.
L’enjeu est conséquent – rien qu’en France, un million de véhicules sont concernés et susceptibles d’être rappelés. Le Canard Enchaîné du 30 septembre 2015 explique comment le constructeur a tenté de reprendre la main via sa filiale chargée d’acheter les espaces publicitaires – Mediacom. La régie publicitaire a envoyé le 22 septembre un mail aux dirigeants des principaux quotidiens régionaux. L’extrait que publie le journal ne laisse aucun doute sur les intentions du constructeur : « si nous pouvons assurer formellement à l’agence et à la marque que lors des dates de parution des 6, 8 et 10 octobre prochains il n’y aura aucun article relatif à la crise VW, nous conserverons les investissements. »
Ceux-ci se chiffrent en dizaines de milliers, voire en centaines de milliers d’euros, des sommes pas négligeables pour les journaux français souvent déficitaires et tous subventionnés par l’Etat. Pour enfoncer le clou, Mediacom a précisé que le même engagement garantissait aussi la campagne pub prévue par Audi en octobre et novembre, et les insertions pour la fin de l’année, en indiquant le montant du budget qui pourrait s’envoler si la presse s’acharnait à vouloir faire son travail, c’est à dire informer : 1 465 000 euros.
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