Vous avez un « téléphone intelligent », alias smartphone ? Votre compagnon préféré (et votre bourreau) va pouvoir se transformer en auxiliaire de police à fins d’enquêtes. Coup d’œil sur un projet de loi inquiétant.
Approbation du Sénat le 7 juin 2023
C’est en catimini que le Sénat a approuvé un projet de loi porté par le Garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti. Le projet prévoit d’autoriser le déclenchement à distance des ordinateurs, tablettes ou smartphones à l’insu de leurs propriétaires. Vous êtes chez vous, vous conversez tranquillement avec une connaissance, la caméra et le micro de votre téléphone/ordinateur/tablette se déclenchent à distance, vous êtes filmé/écouté/enregistré sans le savoir. Cette technique intrusive serait réservée aux affaires de terrorisme.
Vous avez dit terrorisme ?
Chacun sera d’accord pour combattre le terrorisme. Mais qui le définit ? On peut douter que l’attaque ignoble contre des enfants à Annecy par un réfugié syrien ait pu être empêchée par une écoute à distance de son téléphone ou de son ordinateur. On peut douter que la petite Lola, torturée et tuée par une algérienne sous obligation de quitter le territoire, ait été protégée par ces moyens techniques intrusifs. Et d’un autre côté, l’extension de « terrorisme » à toute pensée ou action hostile à l’extrême-centre au pouvoir peut inquiéter à juste titre.
Un ministre inquiet, qui gesticule et interdit
Le ministre de l’Intérieur, dont le bilan sur le plan de la sécurité ou de l’immigration est une catastrophe d’ampleur nucléaire, tente de redorer son blason en interdisant à tour de bras. Un coup à droite (interdiction de l’hommage à Dominique Venner par l’Institut Iliade, voir infra), un coup à gauche (pseudo interdiction avortée du mouvement gauchiste Soulèvements de la terre), un autre coup à droite et ainsi de suite. Gérard Darmanin parle « d’éco-terrorisme », étiquette parfois justifiée mais trop pratique, il dénonce aussi « l’ultra droite », étiquette elle-aussi trop commode, trop élastique. Faute de bilan favorable, il communique, il gesticule, il interdit un peu au petit bonheur la chance. Le projet de loi interdit l’usage de ces mesures hyper intrusives auprès des avocats, des magistrats et des parlementaires. On pourrait étendre cette protection à d’autres catégories. On devrait surtout réfléchir à protéger les libertés publiques que l’extrême-centre – inquiet pour sa survie politique – restreint chaque jour un peu plus.
Voir aussi : Police de la pensée : de Médiapart à l’interdiction d’un colloque de l’Institut Iliade