En Europe de l’Ouest, celle de Merkel et Macron (moins le Royaume-uni en cours de départ), il est de bon ton de dénigrer dans tous les médias convenus, les pays du groupe de Visegrad. Ils seraient comme par essence « d’extrême droite », autrement dit ils ne correspondent pas aux idéaux du centre mou de droite et de gauche européiste style Macron.
Ces pays sont la République tchèque, la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie. Ils sont membres de l’Union Européenne et de l’OTAN, et regroupent à eux quatre 64 millions d’habitants, soit 13 % de la population de l’UE. Ce n’est pas anodin. Pourtant, les médias français en parlent peu, du moins jamais en bien, au point qu’il peut paraître à un observateur des médias que jamais, mais alors vraiment jamais rien dans aucun de ces pays n’est positif (au sens donné au mot « positif » à l’Ouest de l’UE). Bien sûr, ils reviennent un peu sur le devant de la scène médiatique au moment des élections et nos médias évoquent la manière dont les quatre de Visegrad se distinguent de nous concernant l’immigration, l’avortement, le mariage gay ou les politiques pro-famille. En France ces sujets font tache : ils sont « établis » comme des droits naturels de l’homme et toute discussion de l’un d’entre eux transforme celui qui oserait en parler en nazillon de bas étage.
Le monde n’est pas la France, et dans la presse étrangère tout le monde ne pense pas comme les médias français. Arrêtons-nous un instant, pour commencer cette année 2020 dans la bonne humeur, sur le regard porté par le magazine (légèrement) conservateur américain Chronicles Magazine: A Magazine of American Culture, le 23 décembre 2019 (“Letter from Prague: The Discreet Charm of Monoculturalism”), au sujet de l’un des pays du groupe de Visegrad.
Il s’agit de la République tchèque, en particulier de cette superbe ville de Prague.
Que pense-t-on de Prague dans ce court article signé de Srdja Trifkovic ?
- Beauté, richesse culturelle, gastronomie, une ville d’un million d’habitants restant cependant à taille humaine. Une ville agréable.
- Un sentiment de bien-être qui vaut pour toute la République tchèque. Dix millions d’habitants, une certaine prospérité, un monde rural assez banal : « tout est simplement agréable », rien n’est magnifique, sauf Prague.
- Les Tchèques sont pragmatiques, ils ont souvent subi la grande Histoire (proximité des ottomans, empire d’Autriche-Hongrie, nazisme, communisme…). Ils se sont bien soulevés contre le nazisme mais c’était « le 5 mai 1945, une semaine après le suicide de Hitler ». Puis, après-guerre, l’armée rouge les a obligés à pousser dehors les habitants de langue allemande, ceux des Sudètes. Les Tchèques ont toujours des élus communistes à l’Assemblée, passage obligé pour bâtir des coalitions.
- La « révolution de velours » de 1989 est une révolution sans… révolution : « un régime en faillite a simplement abandonné la partie, sans scènes de théâtre à la Ceaucescu ni laides exécutions ».
Mais alors ? Pourquoi lire un article sur la République tchèque et surtout Prague dans un magazine modérément conservateur américain ? Parce que le pays est stable, plutôt prospère, que ses cerveaux ne le fuient pas, que ses finances sont saines.
Mais… Et c’est ce point qui est essentiel : « Les rues de Prague sont sûres, ce qui signifie qu’il n’y a pas de musulmans. Comme les autres pays du groupe de Visegrad, la République tchèque refuse de s’autodétruire, ce dont il faut la louer, au contraire de ce que recommande la bureaucratie de Bruxelles ».
Parfois, regarder notre monde vu d’ailleurs, avec un peu de presse honnête, donne un étrange sentiment. De réconfort ?