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Wikipédia chute de son piédestal

22 janvier 2025

Temps de lecture : 5 minutes
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Wikipédia chute de son piédestal

Temps de lecture : 5 minutes

De septembre à décembre 2024, l’Observatoire du journalisme publiait une enquête en trois parties sur Wikipédia, démontrant que l’encyclopédie était devenue une plateforme de propagande de gauche. Depuis, le journal Le Point devenu victime, qui, pour n’être pas de gauche, n’est pas non plus d’extrême-droite, est arrivé aux mêmes conclusions.

« Wikipé­dia, plongée dans la fab­rique d’une manip­u­la­tion » : le titre est clair, et il n’a rien de trompeur. Mal nom­mer les choses, c’est le début de tous les maux sur Terre, pour para­phras­er Albert Camus, et c’est ce que fait Wikipé­dia en toute impunité. Les mots sont choi­sis en fonc­tion du sujet abor­dé, pour éveiller des sen­ti­ments négat­ifs ou posi­tifs, comme le mon­tre l’étude de l’OJIM.

Wikipédia, une déformation dangereuse de la vérité

Au reste, il faut recon­naître au Point que ce qui le dérange, ce n’est pas le traite­ment de Don­ald Trump ou du Grand Rem­place­ment. C’est celui du glyphosate et du Point lui-même. Ain­si, alors que, pour sur des sujets aus­si baro­ques que l’abolition de l’heure du thé en Angleterre, la mod­éra­tion fait vite son office, sur des sujets plus graves, on l’attend tou­jours. La droite l’a remar­qué depuis un cer­tain temps, et le cen­tre-droit va suiv­re. Le Point regrette ain­si la mul­ti­pli­ca­tion de « pages criblées de fauss­es infor­ma­tions et de rumeurs malveil­lantes » et l’apparition de « plaisan­ter­ies qui s’éternisent et qui ne font rire per­son­ne ». La dés­in­for­ma­tion n’a en effet rien d’une blague, surtout quand elle s’établit sur une plate­forme aus­si recon­nue et aus­si util­isée que Wikipé­dia. Les men­songes répan­dus avec une telle odeur de vérité peu­vent faire des rav­ages, et la gauche libérale lib­er­taire, qui choisit bien ses cibles, le sait parfaitement.

Factsory, un militant en croisade contre Le Point

En menant son enquête, Le Point a réus­si à agac­er l’un de ces « con­tribu­teurs mil­i­tants, très organ­isé ». Il s’agit de « Fact­so­ry », maître de con­férences en infor­ma­tique. Il n’écrit pas sur le JavaScript, mais sur le glyphosate, alors qu’il « dit n’avoir aucune com­pé­tence par­ti­c­ulière sur le sujet, n’é­tant spé­cial­iste ni des pro­duits phy­tosan­i­taires ni de tox­i­colo­gie. » « Son acharne­ment con­tre le glyphosate est une croisade per­son­nelle, assène Le Point. Con­tre l’avis de l’écras­ante majorité des sci­en­tifiques, il pense que le pro­duit est une cat­a­stro­phe san­i­taire et milite active­ment pour que la société entière s’aligne sur ses vues. »

Fact­so­ry aime s’exprimer sur ce qu’il ne con­naît pas, mais pas être con­tred­it. C’est ain­si qu’il injurie ses con­tra­dicteurs, mais aus­si Le Point, sur son blog et les réseaux soci­aux. Résul­tat, le jour­nal est main­tenant cat­a­logué comme islam­o­phobe et d’extrême-droite sur Wikipé­dia. D’autres con­tribu­teurs, égale­ment iden­ti­fiés par Le Point, l’ont depuis rejoint dans son com­bat de coq con­tre le jour­nal. First time ?

Toujours plus à gauche

Le Point a dès lors toutes les raisons d’affirmer que des « mil­i­tants » dévoient le con­tenu sup­posé­ment ency­clopédique de Wikipé­dia pour « impos­er leurs con­tre-vérités en mul­ti­pli­ant les cibles ». C’est que, comme la gauche ne cesse de se déporter à l’extrême, elle ne cesse de se trou­ver de nou­veaux enne­mis. Les Sleep­ings Giants en sont un excel­lent exem­ple. De Valeurs actuelles, puis CNews et Le Jour­nal du Dimanche, ils se sont attaqués à Mar­i­anne, Causeur, pour finir par atta­quer les mar­ques dont les pub­lic­ités étaient présentes, non pas sur des sites sul­fureux, mais sur des arti­cles qui ne leur plai­saient pas au sein de médias par ailleurs con­ven­ables. Le mes­sage est clair : non seule­ment les médias de droite n’ont pas le droit d’exister, mais en plus les médias dans leur ensem­ble ne peu­vent pas traiter cer­tains sujets. Cir­culez, il n’y a rien à voir. Dormez, Big Broth­er veille.

Wikipé­dia a presque ter­miné sa mue. Il est entré dans le giron de la gauche, et il risque d’être bien dif­fi­cile de l’en faire sor­tir. Ses sources sont uni­latérales, dans le spec­tre très étroit qui va de Libéra­tion à Reporterre en pas­sant par Téléra­ma. Les jour­nal­istes sont insultés, voire dif­famés. Là encore, point n’est besoin d’être d’extrême-droite, Wikipé­dia s’attaque même à Car­o­line Fourest. Le Point liste ain­si les per­son­nes frap­pées du sceau infamant de l’islamophobie, du racisme ou du climato-scepticisme.

Une bataille bien réfléchie

On aurait tort de pren­dre les con­tribu­teurs de Wikipé­dia pour des excités qui manient l’insulte pour combler leur vide intel­lectuel. Ils sont par­faite­ment au courant des rouages de l’informatique et de l’économie et savent com­ment rem­porter une bataille cul­turelle où la droite est en fort mau­vaise pos­ture. Cer­tains mil­i­tants ont ain­si ten­té de retir­er Le Point des sources de Wikipé­dia. Or, comme l’explique le jour­nal, « Un média sou­vent cité sera con­sid­éré comme fiable. Ses arti­cles remon­teront plus haut dans les résul­tats de recherche. Ten­ter de ban­nir Le Point des sources admis­es n’est donc pas anodin. Min­er l’au­di­ence de notre site, voilà le but. » Une audi­ence minée, c’est une notoriété moins impor­tante, des revenus pub­lic­i­taires qui plon­gent, des capac­ités de pro­duc­tion amoin­dries, bref, un cer­cle vicieux qui peut men­er à met­tre la clé sous la porte.

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