Première diffusion le 23 février 2022
Mise à jour au 23/02/2022 : l’actualité récente remet à la une Wikipédia, surnommée “Wokipédia” par de mauvaises langues, dans un contexte de guerre d’édition que se livrent partisans et opposants à Éric Zemmour sur sa biographie. Devinez lesquels ont été exclus ? L’occasion de remettre en avant un article d’août 2020 (ci-dessous) que nous avions consacré à l’encyclopédie, pas aussi libre qu’elle le prétend.
Qu’attend-on alors pour bannir aussi les 200 administrateurs de gauche ou d’extrême gauche.#Wikipedia? #Wokipedia https://t.co/QUFO7woYOU
— Jean-Yves Le Gallou (@jylgallou) February 23, 2022
Une preuve que Wikipédia est impartial idéologiquement.
Note : c’est faux. #Wokipedia pic.twitter.com/BoWjAXSaL6
— Riposte Patriote 🇫🇷 (@RipostePatriote) February 23, 2022
Première diffusion le 19 août 2020
Oui qui ? Wikipédia, le wiki presque quotidien… Quand le pain est-il apparu en Europe ? Le coronavirus touche-t-il les cockers ? Qui était Vasco de Gama ? Qu’est-ce que l’Ojim ? Si ce n’est chaque jour, les internautes utilisent Wikipédia au moins chaque semaine. Mais l’encyclopédie est-elle aussi « neutre » qu’elle le prétend ? Réponse dans un article repris de notre confrère L’Antipresse du 9 août 2020.
Faut-il bouder Wikipédia ?
Nous sommes très satisfaits de pouvoir puiser dans Wikipédia, l’encyclopédie ouverte en ligne, pour retrouver des informations de base sur une multitude de sujets et de personnes. Mais est-ce une source entièrement fiable et « neutre » ?
Le remarquable site d’enquête Swiss Policy Research propose une visite synthétique et bien documentée des coulisses de Wikipédia qui incite à la prudence, au moins sur certains sujets « chauds ». Je l’ai traduite ci-dessous avec l’autorisation des éditeurs.
En somme, on pourrait conclure que le projet Wikipédia est solidement arrimé à une vision du monde globaliste et, opérationnellement, aux services secrets britanniques. Le cas le plus éloquent ayant permis de révéler le « pot aux roses » a été l’« affaire Philip Cross », du nom de ce rédacteur (individuel ou en nom collectif) de Wikipédia qui s’en était pris en particulier à l’ex-diplomate, lanceur d’alerte et chercheur anti-impérialiste Craig Murray. Il vaut la peine de dérouler le fil « Philip Cross » à partir des liens ci-dessous. C’est même fascinant, comme exemple de guerre d’influence. On pourrait en tirer un roman de cybermanipulation.
À une échelle bien plus modeste, ma propre expérience — concernant ma page personnelle ou celle de personnes avec qui j’ai pu travailler — confirme qu’il est très facile de « charger » les informations dans un certain sens — et très difficile de les rectifier dans l’autre, les rédacteurs de Wikipédia étant arbitres ultimes et ne rendant de comptes à personne. Mais le sujet dépasse le cadre de cet article.
Tout ceci ne veut pas dire qu’il ne faille plus consulter Wikipédia pour sa documentation botanique ou les règles du jeu de go. Au contraire, la bonne fiabilité de la plateforme sur les sujets « neutres » crédibilise le parti pris sur certains enjeux stratégiques. Une opération d’intox réussie, on le sait, se compose de 90% d’informations valables pour un petit dixième de désinformation. Comme lorsqu’on marche sur un glacier, il suffit de savoir où se trouvent les crevasses.
En somme, rien d’exceptionnel là-dedans. Encyclopédies et dictionnaires sont toujours des reflets fidèles de l’idéologie et de la vision du monde de leurs auteurs. Le cas le plus spectaculaire — et succulent — étant celui du grand philologue Samuel Johnson, qui tout en compilant le premier dictionnaire de la langue anglaise (42.000 entrées !) s’employa à ferrailler à coups de définitions contre les personnes, les nations et les idées qu’il détestait. L’avantage du bon Samuel est qu’il le faisait ouvertement — jusqu’à cracher sur ses propres mécènes. Les rédacteurs de Wikipédia n’auraient jamais de telles impolitesses !
Wikipédia côté coulisses (tiré de swprs.org)
La Wikipédia anglophone, avec ses 9 milliards de pages vues par mois dans le monde, est gérée par seulement 500 administrateurs actifs, dont la véritable identité reste souvent inconnue.
Des études ont montré que 80 % du contenu de Wikipédia est écrit par 1% seulement de tous les rédacteurs. Il ne s’agit ici encore que de quelques centaines de personnes, pour la plupart inconnues.
Une structure aussi opaque et hiérarchisée est évidemment susceptible de corruption et de manipulation, les fameux « rédacteurs payés » engagés par les entreprises n’en étant qu’un exemple.
En effet, dès 2007, des chercheurs ont découvert que des employés de la CIA et du FBI modifiaient des articles de Wikipédia sur des sujets controversés, notamment la guerre en Irak et la prison militaire de Guantanamo.
Toujours en 2007, des chercheurs ont découvert que l’un des administrateurs anglais de Wikipédia les plus actifs et les plus influents, appelé(e) « Slim Virgin », était en fait un ancien informateur des services de renseignement britanniques.
Plus récemment, un autre rédacteur très prolifique de Wikipédia, du nom de « Philip Cross », s’est avéré lié aux services de renseignement britanniques, ainsi que plusieurs journalistes de grands médias.
En Allemagne, l’un des rédacteurs de Wikipédia les plus agressifs a été démasqué, après une bataille juridique de deux ans, en tant qu’agent politique ayant servi dans l’armée israélienne en tant que volontaire étranger.
En Suisse même, des employés du gouvernement non identifiés ont été pris la main dans le sac en train de « nettoyer » des entrées Wikipédia sur les services secrets suisses juste avant un référendum public sur l’agence.
Nombre de ces Wikipédia personæ rédigent des articles pratiquement à temps plein, chaque jour, ce qui indique qu’elles sont soit des personnes très dévouées, soit des professionnels.
En outre, les articles édités par ces personæ ne peuvent être aisément révisés, puisque les administrateurs susmentionnés peuvent toujours annuler les modifications ou simplement bloquer les utilisateurs en désaccord.
Le but premier de ces campagnes secrètes semble être de légitimer les positions des gouvernements occidentaux et israélien tout en compromettant la réputation des journalistes et des hommes politiques indépendants. Les articles les plus touchés par ce type de manipulation touchent à des sujets politiques, géopolitiques, à certains sujets historiques ainsi qu’à des biographies d’universitaires, de journalistes et de politiciens hors système.
Sans surprise, le fondateur de Wikipédia, Jimmy Wales, ami de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair et « young leader » du forum de Davos, a défendu ces opérations à plusieurs reprises.
En parlant de Davos, la fondation Wikimedia a elle-même amassé une fortune de plus de 160 millions de dollars, donnés en grande partie non pas par des étudiants faméliques, mais par des corporations américaines de premier plan et des fondations influentes.
L’actuelle PDG de Wikipédia, Katherine Maher, a travaillé au Conseil américain des relations étrangères (CFR) ainsi qu’à un sous-groupe de la National Endowment for Democracy (NED).
Les médias sociaux et les plateformes vidéo américaines se réfèrent de plus en plus à Wikipédia pour recadrer ou réfuter les sujets «controversés». Les faits évoqués ci-dessus peuvent aider à comprendre pourquoi.
Edward Snowden, le lanceur d’alerte de la NSA, avait révélé comment des agents d’influence manipulent les débats en ligne ; plus récemment, un cadre supérieur de Twitter s’est avéré un officier « psyops » de l’armée britannique.
Pour ajouter au moins un certain degré de transparence, des chercheurs allemands ont mis au point un outil de navigation gratuit appelé WikiWho qui permet de repérer par un codage coloré qui a modifié quoi sur Wikipédia. Dans de nombreux cas, le résultat paraît aussi troublant qu’on se l’imaginait.