Témoignage : « Lorsque j’étais au collège, nous n’avions pas le droit de nous servir de Wikipédia pour nos exposés, parce que les fiches pouvaient être écrites par n’importe qui. Quand je suis arrivée au lycée, mon professeur de physique a tempéré cette affirmation et annoncé qu’elle-même utilisait parfois Wikipédia, y compris sur des sujets assez pointus. Aujourd’hui, si les fiches scientifiques sont considérées comme des sources tout à fait fiables et recevables, il n’en va pas de même pour tout ce qui concerne l’actualité : mots choisis, informations biaisées, voire articles délibérément louangeurs ou à charge, Wikipédia n’a plus cette aura d’encyclopédie numérique dont elle bénéficiait au début des années 2010. Pire : deux scandales baptisés « Wokipédia », l’un français et l’autre américain, écornent sérieusement la réputation du site Internet, devenu souvent un instrument de propagande. » Un dossier OJIM.
« L’histoire est écrite par les vainqueurs. Enfin, sauf si vos ennemis sont encore en vie et ont du temps pour éditer Wikipédia. »
Elon Musk
Comment fonctionne Wikipédia ?
Comment Wikipédia est devenu de gauche : une plateforme détournée de sa vocation
Wikipédia, une encyclopédie gratuite et sans publicité donnant accès à un savoir précis, vérifié, exhaustif, et ce sur quasiment tous les sujets. Le moyen le plus rapide d’avoir accès à une information simple (qui est le député de Savigny-sur-Orge ?) ou plus complexe (quel est le déroulé de la guerre des Deux-Roses ?). L’idée, née en 2002, est simple et louable, et Wikipédia s’est très vite imposé, dans les recherches Google comme dans les esprits. Le site comptabilise 3,8 millions de visiteurs uniques par jour, ce qui en fait le huitième site le plus visité en France.
Mais depuis quinze ans, la plateforme est dévoyée. Ce n’est pas une extrême-droite rancunière qui le dit, c’est Larry Sanger, co-fondateur de Wikipédia, qui n’a plus confiance dans son propre travail. Il estime que le site a totalement perdu sa neutralité à partir de 2009 et qu’aujourd’hui, les biais idéologiques « anti-droite » sont très nombreux, trop nombreux pour qu’on puisse avoir confiance dans l’encyclopédie numérique.
Wikipédia, un système hiérarchique
Pour écrire sur Wikipédia, il faut simplement avoir un compte contributeur. Il s’agit d’un engagement bénévole et, vu le nombre de comptes actifs – 17 000 en France – on pourrait croire que la neutralité des informations est garantie. Il n’en est rien. Les contributeurs, groupés en communautés linguistiques, élisent des administrateurs – 148 en France. Ces derniers peuvent bannir ou bloquer les comptes dont les actions sont jugées contraires aux valeurs de Wikipédia, ainsi que restaurer, supprimer ou protéger une page. Un système qui peut rapidement devenir un vase clos, où ne sont admis que ceux qui correspondent à la doxa. Michel, contributeur banni en 2021, estime que cette sanction est tombée lorsqu’il a fait remarquer « qu’il serait bien qu’il y ait une pluralité d’opinions parmi les contributeurs ». « Selon les observations de plusieurs d’entre nous, la majorité silencieuse, qui n’est d’aucun bord politique, n’est pas représentée », continue-t-il.
Un glissement au plus haut niveau
L’évolution de Wikipédia n’a rien d’étonnant. Si l’on peut accorder à Larry Sanger une recherche de neutralité et d’objectivité, par la suite, tous les dirigeants de Wikipédia n’ont pas suivi sa voie. Katherine Maher a été la directrice générale de la Fondation Wikimédia de 2016 à 2021. Selon elle, les contributeurs de Wikipédia ne s’attachent pas à retranscrire la vérité mais le meilleur des connaissances actuelles. Jusque-là, rien que de très normal pour une encyclopédie.
Katherine Maher a cependant une conception étrange de la vérité. Elle ne doit pas être ce dont on cherche à convaincre, car notre « vénération envers la vérité » a pu nous éloigner de la recherche de consensus, qui permet de réaliser les projets importants. Si la vérité est quelque chose de beau et de nécessaire à l’accomplissement de l’homme, l’une de ses beautés et aussi qu’il existe « de nombreuses vérités différentes » et que chacun a sa propre vérité. Pour Katherine Maher, notre vérité est notamment constituée de nos croyances. Ce relativisme est loin d’être anodin pour celle qui a dirigé l’un des plus gros ensembles encyclopédiques du monde. À partir du moment où l’on ne croit pas que certaines choses puissent être fausses, quand bien même certains y croient, comment peut-on travailler à l’accès au savoir ?
Une réécriture de la réalité
L’équité de la connaissance au détriment de la vérité
La Fondation Wikimédia ne travaille donc pas à la transcription de la vérité, mais à l’équité de la connaissance, qui consiste à « laisser la place aux connaissances et aux communautés qui ont été exclues par les structures de pouvoir et de privilège ». Ce paradigme qui estime que les Occidentaux (les Européens), car il s’agit bien d’eux, sont des privilégiés qui doivent s’effacer devant de supposés opprimés, quelles que soient par ailleurs les compétences des uns et des autres, est coutumier de la gauche, qui ne se réjouit jamais autant que lorsqu’un prix quelconque est attribué à une femme racisée, et de préférence homosexuelle.
Les dons pour le savoir, changés en dons pour la gauche
Cependant, Wikipédia, ainsi que ses satellites comme Wictionnary, ne sont jamais que des encyclopédies : ils rassemblent des données, mais n’en créent pas. La Fondation reconnaît avoir besoin de citations et de sources primaires qui combattent pour la même cause qu’elle. Elle explique donc que « le Fonds Équité est conçu pour fournir des subventions à des organisations extérieures à notre mouvement ». Autrement dit, lorsqu’un donateur soucieux du maintien de l’accès gratuit au savoir donne à Wikipédia, la moitié de son don est redistribuée.
À qui ? À des associations qui œuvrent pour l’équité raciale. Certains de ces organismes veillent à donner la parole et les responsabilités, non au plus compétent, mais au plus représentatif des différentes minorités. VanguardSTEM fait partie des bénéficiaires des dons de la Fondation Wikimédia. Il s’agit d’une « plateforme concentrée sur les expériences des femmes, filles et personnes non-binaires de couleur dans la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM) ». VanguardSTEM propose une « méthodologie scientifique intersectionnelle » et défend « le droit des Noirs, des indigènes, des femmes de couleur et des personnes non-binaires de couleur » à défendre eux-mêmes leurs « intérêts et identité STEM », sans assimilation.
Cette association défend donc les biais liés à l’identité sexuelle et ethnique dans la recherche scientifique. Une vision qui rejoint parfaitement celle de Katherine Maher, qui estime que chacun peut avoir sa propre vérité.
Le mouvement Wikimédia, un agenda wokiste
Par les dons à Wikipédia, c’est donc la fondation que l’on nourrit. Elle administre depuis 2020 le « Fonds d’Équité de la Connaissance », qui ne brasse pas moins de 4,5 millions de dollars. Son objectif est avant tout de garantir à tous un accès à la connaissance, objectif louable s’il en fut.
Cependant, l’unique grille de lecture pour atteindre ce but est raciale.et anti européens. La Fondation Wikimédia dit ainsi aborder « les inégalités raciales entravant l’accès et la participation à la connaissance libre » et investir « dans des organisations qui s’attaquent aux systèmes de préjugés et d’inégalités raciales dans le monde entier ». Le monde entier, ce n’est probablement pas l’Afrique du Sud, où le racisme anti-blanc est quasi-institutionnel.
Des mots choisis, des définitions tronquées
Des différences de traduction pour suivre l’opinion nationale
Faîtes un test : tapez dans votre moteur de recherche « gaza genocide wikipedia ». Si vous faîtes la plupart de vos recherches en français, la première page qui s’affichera se nommera « Risque de génocide à Gaza depuis 2023 ». Passez cette page en anglais, elle devient « Gaza genocide ». Pourquoi ? Parce que le public anglophone est de toute évidence plus perméable aux assertions de la gauche affirmant que le génocide des Gazaouis est une réalité, tandis qu’en France, il vaut mieux parler de risque pour être audible.
Les différences ne s’arrêtent d’ailleurs pas qu’au titre. Sans aller jusqu’à citer l’intégralité des deux textes, la page anglophone affirme que « les experts, les agences gouvernementales et des Nations unies et les ONG accusent Israël de perpétrer un génocide à l’encontre du peuple palestinien. » Sur la page francophone, on lit que « le risque de génocide à Gaza depuis 2023 désigne les actions entreprises par Israël pendant la guerre Israël-Hamas de 2023 pouvant amener à un génocide contre les Palestiniens. »
Cette comparaison prouve, une fois encore, que Wikipédia n’a que faire de la vérité, et s’intéresse avant tout à ce que ses lecteurs sont capables de lire, pour ensuite le penser. À suivre.