Xavier Niel est avant tout un investisseur, actionnaire principal de Free (plus de 50% du capital), voir son infographie ici ; mais aussi très présent dans l’informatique et les métiers de l’internet. Ce qui ne l’a pas empêché de s’intéresser activement aux médias, même s’il n’est pas réputé pour intervenir dans les rédactions.
Une forte présence médiatique
Xavier Niel est présent à la holding du Monde libre avec Matthieu Pigasse et maintenant Daniel Křetínský. Pigasse a vendu la moitié de ses parts à Křetínský évitant ainsi de faire jouer une caution bancaire dont Niel était le garant, voir notre article du 9 novembre 2018 ici. Le Monde c’est aussi Télérama, Le Courrier International, Le Huffington Post et La Vie (liste non limitative). À côté de cela, Niel est co-actionnaire, encore avec Pigasse, de L’Obs toujours en difficulté.
Mais il a mis aussi quelques billes dans Médiapart, Les Jours (fondé par des anciens de Libération), Le Nouveau Magazine littéraire et dans un bord politique différent dans feu Bakchich, Causeur et Atlantico. La phrase de Niel (nous paraphrasons) « j’investis dans des journaux pour que les journalistes me foutent la paix » est controversée. Rapportée par des journalistes du Canard Enchaîné et de L’Express, elle n’a pas été démentie par l’intéressé qui y verrait « une boutade ». Il est toutefois certain que Niel n’a pas investi dans ces médias pour une raison financière, mais de neutralisation à son égard. Ce qui n’est pas le cas de sa présence dans Mediawan – un producteur de contenus en pleine expansion– toujours avec Pigasse et Pierre-Antoine Capton. Tous ces financements ont été possibles grâce au succès de Free.
Free ne va plus si bien
C’est là que le bât blesse. Free, quatrième opérateur et dernier venu a révolutionné le marché grâce à ses offres bon marché et ses avances technologiques. Imité par ses concurrents, il commence à souffrir du côté de chez Orange dans la fibre, du côté de chez SFR dans les offres tarifaires, et du côté de chez Bouygues du côté des entreprises et un peu sur tous ces fronts à la fois.
La dernière innovation technologique de Free, la Free Box Delta, trop sophistiquée et un peu chère ne semble pas prendre de parts de marché. En Italie, Iliad monte et a récupéré plus de deux millions de clients rapidement mais grâce à une offre quasiment à pertes. Et les investissements dans la 5G (sur appel d’offres) seront à la fois dispendieux et obligatoires pour rester dans la course. L’action Iliad (maison mère de Free) qui dépassait les 200 euros en janvier 2018 ne valait plus qu’un peu moins de 92 euros le 11 février 2019. Cette dégringolade relançait les rumeurs sur une possible consolidation des télécoms en France. Mais Bouygues qui était l’enfant malade il y a trois ans se porte bien, Orange aussi. Qui pourrait céder de Patrick Drahi ou Xavier Niel, tous deux investis dans les télécoms et les médias ? On voit mal Niel abandonner Free qu’il a créé de toutes pièces. Le désengagement de l’un ou de l’autre de la téléphonie comme a contrario des médias aurait de toutes façons des répercussions sur leur empire médiatique. Ouvrant la porte à une recomposition du capital du Monde Libre par exemple, ouvrant la voie au tchèque Daniel Křetínský en embuscade avec le renfort de Denis Olivennes ; nous aurons l’occasion d’y revenir.
Crédit photo : MEDEF via Flickr (cc)