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YouTube ne croit pas au grand remplacement

12 février 2021

Temps de lecture : 8 minutes
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YouTube ne croit pas au grand remplacement

Temps de lecture : 8 minutes

Chaque jour apporte son lot d’indices de l’instauration d’un nouvel ordre moral de plus en plus intolérant et étriqué. Si le monde universitaire et les médias de grand chemin sont déjà « avancés » en la matière, les géants du net sont également bien placés. Un récent exemple sur YouTube vient de le démontrer.

Les années 1990 : l’illusion d’un espace de liberté sur Internet

Les plus anciens d’entre nous se sou­vi­en­nent avec une pointe de nos­tal­gie du cli­mat de lib­erté qui rég­nait sur la toile, le «  world wide net », à la fin des années 1990, avec la pos­si­bil­ité pour cha­cun de s’exprimer sans cen­sure tout en ayant une audi­ence poten­tielle­ment considérable.

Depuis quelques années, des acteurs privés majeurs ont émergé sur le net : Face­book, Twit­ter, YouTube, etc. Leur pop­u­lar­ité les a ren­du incon­tourn­ables, à tel point que ces médias jouent un rôle de qua­si ser­vice pub­lic en matière de com­mu­ni­ca­tion, mais sans en avoir l’encadrement juridique. L’expression sur ces sites est encadrée par des règles d’utilisation édic­tées en petit comité qui leur arro­gent tous les droits, notam­ment celui de sup­primer un con­tenu voire le compte d’un util­isa­teur sans justification.

Une bien curieuse politique de modération

Les exem­ples de cen­sure ne man­quent pas sur le réseau Face­book, Twit­ter, etc. L’Observatoire du jour­nal­isme en a fait les frais il y a peu avec la sus­pen­sion momen­tanée de son compte Twit­ter, pour laque­lle l’intervention d’un avo­cat a été nécessaire.

Très récem­ment, l’OJIM a con­sacré un arti­cle à la sus­pen­sion de la chaine TV Lib­ertés sur YouTube pour avoir dif­fusé une inter­view d’une généti­ci­enne et chercheuse à l’INSERM qui ne s’inscrit pas dans la doxa dom­i­nante con­cer­nant la lutte con­tre le coro­n­avirus. Si cer­tains avaient encore des doutes sur le rôle de maitre à penser qu’entendent jouer les géants du net, un nou­v­el exem­ple vient d’apporter de nou­velles preuves « à charge ».

« L’invasion de l’Europe, les chiffres du grand remplacement »

Jean-Yves Le Gal­lou, le prési­dent de la fon­da­tion Polémia, a écrit avec des con­tribu­teurs un essai paru en fin d’année 2020 inti­t­ulé « « L’invasion de l’Europe, les chiffres du grand rem­place­ment ».

On peut ne pas souscrire au terme « grand rem­place­ment » ou « inva­sion » pour qual­i­fi­er l’immigration mas­sive que subit le con­ti­nent européen. Est-ce une rai­son suff­isante pour avoir un a pri­ori absol­u­ment négatif vis-à-vis d’un essai dont le con­tribu­teur majeur est un énar­que et ancien haut fonc­tion­naire, qui a notam­ment pub­lié en 2016 un livre sur l’immigration, « L’immigration, la cat­a­stro­phe, que faire ? » qui fait référence dans les cer­cles non autorisés ? Qui plus est, tous les chiffres cités dans l’essai pour étay­er les con­stats sont sour­cés et datés. Peu importe, pour YouTube, la réponse est assuré­ment oui, il faut se méfi­er voire se détourn­er de ceux qui emploient ce terme « com­plo­tiste », comme nous allons le voir.

Jean-Yves Le Gallou, l’interview sur TV Libertés

La chaine TV Lib­ertés est un espace de lib­erté à côté de médias de grand chemin qui véhicu­lent trop sou­vent un prêt à penser étriqué. Les téléspec­ta­teurs ne s’y trompent pas : l’audience de la chaine a con­nu une pro­gres­sion impor­tante ces derniers mois.

TV lib­ertés a invité lors de l’émission « zoom » Jean-Yves Le Gal­lou le 1er févri­er 2021 pour qu’il réponde à des ques­tions sur l’essai de la fon­da­tion Polémia qui vient de sor­tir aux édi­tions Via Romana. Le 9 févri­er, l’émission comp­tait sur YouTube plus de 46 000 vues, sans compter celles sur la chaine de la télévi­sion alter­na­tive. Un beau suc­cès, mais qui n’est pas du goût de la firme améri­caine. Très rapi­de­ment après la mise en ligne de la vidéo sur YouTube, un aver­tisse­ment a été accolé, qui n’est autre qu’un extrait de l’article de Wikipé­dia sur le terme de Grand remplacement :

« Le grand rem­place­ment est une théorie com­plo­tiste d’ex­trême droite, raciste et xéno­phobe selon laque­lle il existe un proces­sus, délibéré, de sub­sti­tu­tion de la pop­u­la­tion française et européenne par une pop­u­la­tion non européenne, orig­i­naire en pre­mier lieu d’Afrique noire et du Maghreb. Ce change­ment de pop­u­la­tion impli­querait un change­ment de civil­i­sa­tion et ce proces­sus serait soutenu par l’élite poli­tique, intel­lectuelle et médi­a­tique européenne, par idéolo­gie ou par intérêt économique. »

En cli­quant sur la rubrique « con­texte » de l’avertissement, on en apprend un peu plus :

« Lorsque vous recherchez ou regardez des vidéos liées à des sujets sus­cep­ti­bles de faire l’ob­jet de dés­in­for­ma­tion (les pre­miers pas de l’Homme sur la Lune, par exem­ple), un pan­neau d’in­for­ma­tions peut appa­raître en haut des résul­tats de recherche ou sous la vidéo que vous regardez.
Ces pan­neaux con­ti­en­nent des infor­ma­tions con­textuelles sur ces sujets, fournies par des parte­naires tiers indépen­dants. Ils pro­posent égale­ment des liens vers les sites Web de ces parte­naires pour que vous puissiez vous doc­u­menter davan­tage
. »

Wikipédia, une encyclopédie universelle objective ?

Pour mieux com­pren­dre la portée de cet aver­tisse­ment, un petit détour par un arti­cle que l’Antipresse a con­sacré à Wikipé­dia s’impose, un arti­cle que l’OJIM a repris sur son site. A l’appui de nom­breux élé­ments, l’Antipresse démon­tre que Wikipé­dia est loin d’être une ency­clopédie neu­tre et exempte d’influences tant intérieures qu’extérieures. Tout ceci devrait donc amen­er à la plus grande pru­dence lors de la lec­ture et de l’utilisation des arti­cles que Wikipé­dia met en ligne.

Telle n’est pas la con­duite de nom­breux médias soci­aux et de plate­formes vidéo améri­caines qui se réfèrent de plus en plus à Wikipé­dia pour recadr­er ou réfuter les sujets « con­tro­ver­sés ».

YouTube a donc suivi les mau­vais­es habi­tudes d’autres acteurs du marché, en apposant un « label » infamant en dessous de la vidéo con­sacrée à l’interview de Jean-Yves Le Gal­lou sur l’essai sur « L’invasion de l’Europe, les chiffres du grand rem­place­ment ».

L’article de Wikipédia : un pamphlet engagé

La cita­tion de Wikipé­dia que YouTube a affichée en guise de mise en garde con­tre la vidéo ne com­porte aucune référence. L’accumulation de cri­tiques toutes plus néga­tives les unes que les autres que con­tient l’article vise à inciter le lecteur moyen à pass­er son chemin : on ris­querait en vision­nant la vidéo de quit­ter le camp de la respectabil­ité et des idées « autorisées ». Pire, on se rendrait coupable de prox­im­ité avec des criminels.

En pour­suiv­ant la lec­ture de l’article de Wikipé­dia sur le con­cept de grand rem­place­ment, on décou­vre les noms des con­tribu­teurs de l’article : des pseu­dos qui garan­tis­sent l’anonymat de leurs auteurs.

La lec­ture du para­graphe con­sacré aux « orig­ines du con­cept » per­met d’en savoir plus car cette fois, les sources sont citées. Les his­to­riens et autres poli­to­logues con­vo­qués pour nous expli­quer le con­cept de grand rem­place­ment sont notam­ment selon leur notice Wikipédia :

  • Gré­goire Kauf­man, qui a con­sacré un ouvrage au FN et aux « vieux habits du pop­ulisme » ain­si qu’au dis­cours de haine dans le nation­al­isme français,
  • Patrick Weil, qui est selon sa notice Wikipé­dia « mar­qué à gauche, il s’en­gage à de mul­ti­ples repris­es en faveur des droits des immi­gré »,
  • Nico­las Lebourg, qui est mem­bre de l’Ob­ser­va­toire des rad­i­cal­ités poli­tiques de la Fon­da­tion Jean-Jau­rès, proche du Par­ti socialiste.

En résumé des intel­lectuels de gauche dont cer­tains ont des con­vic­tions en faveur de l’immigration bien assumées.

Le grand remplacement : l’indignité par association

Le lecteur de l’essai de Renaud Camus « Le grand rem­place­ment » (mais y en a‑t-il par­mi ses féro­ces cri­tiques ?) peut bien chercher : il ne con­tient nulle trace de racisme ou d’appel à la vio­lence. Mais les auteurs de la notice de Wikipé­dia  sur le grand rem­place­ment utilisent un moyen certes assez gal­vaudé mais tou­jours effi­cace : la dis­qual­i­fi­ca­tion par association.

« Les auteurs des atten­tats de Christchurch, d’El Paso et de Poway en 2019 étaient des adeptes de cette théorie qui a été dénon­cée comme poten­tielle­ment meur­trière. »

Les belles âmes sont par con­tre unanimes pour éviter tout amal­game quand un ter­ror­iste com­met un assas­si­nat au nom de l’islam, un fléau qui dans l’échelle des morts du ter­ror­isme, est de très loin le plus impor­tant numérique­ment, comme le démon­tre un récent rap­port de la fon­da­tion d’analyse politique.

L’intérêt de cette affaire est de nous appren­dre sur quoi peut se baser YouTube pour appos­er un label infamant sous une vidéo de présen­ta­tion d’un phénomène qu’il faut pass­er sous silence,: des argu­ments mil­i­tants, à mille lieues de l’objectivité revendiquée.

On aura com­pris que tout ce petit monde, Wikipé­dia, YouTube et des uni­ver­si­taires de gauche, grenouille dans le même bain idéologique, le camp du bien, et que tous les moyens sont bons pour dis­qual­i­fi­er l’adversaire. Au grand dés­espoir de YouTube, en dépit de son aver­tisse­ment glané à la hâte sur inter­net, le nom­bre de téléspec­ta­teurs de la vidéo « sus­cep­ti­ble de faire l’ob­jet de dés­in­for­ma­tion » con­tin­ue d’augmenter.

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