« De plus en plus d’acteurs, de chanteurs et d’écrivains – tous ces grands démocrates qui se croient une âme de gauche – étaient horrifiés à l’idée d’être assis face de moi… » : © Milady de Winter pour l’OJIM
En pleine promotion de son dernier livre, « Le bûcher des Vaniteux 2 » (Albin Michel, 2013), qui regroupe ses chroniques à l’antenne de RTL, Éric Zemmour a accordé un entretien au Nouvel Observateur afin d’évoquer ses déboires et sa relation aux médias.
Est-il censuré sur RTL ? La réponse est ambiguë : « Le choix d’un sujet est toujours le produit d’une élaboration complexe entre un journaliste et son rédacteur en chef (…) Il m’arrive d’enlever un mot par-ci, un mot par-là, de retirer une provoc jugée inutile. On discute. » On l’aura compris, certains de ses papiers agacent la rédaction de la rue Bayard. Mais le chroniqueur rappelle que ses articles « n’engagent que [lui], pas la rédaction. RTL a fait ce choix de venir me chercher pour avoir un regard différent et iconoclaste sur l’actualité, un regard qui tranche avec le ronron médiatique ».
Pourtant, le rythme de ses chroniques a été diminué cette saison. « L’une des conséquences de la polémique suscitée par la chronique sur Christiane Taubira (en mai 2012, ndlr) », précise-t-il. Concernant les auditeurs de RTL, réagissant à un sondage sur le sujet, Éric Zemmour considère qu’« avoir ces électeurs de droite et d’extrême droite est une chance pour RTL. Ces gens-là sont habituellement plutôt maltraités par les médias. Ils sont dégoûtés par les médias, ils ne s’y retrouvent pas ».
Au sujet des hommes politiques, son jugement est d’un sévère réalisme. Pour lui, ils sont devenus de simples communicants ayant grandi à l’air du journalisme moderne. « Sarkozy et Hollande sont pour moi des “grands journalistes”. Ils ne sont quasiment plus des hommes politiques. N’ayant plus de réel pouvoir, ils sont devenus des commentateurs, des manipulateurs de symboles, de concepts et de médias. Dépourvus de pouvoir, ils doivent faire illusion », estime-t-il.
S’il ne se considère pas « blacklisté » à la télévision, Zemmour reconnait que « des politiques refusent de venir sur Paris Première à cause de moi », comme « Mélenchon ». Évoquant son expérience à « On n’est pas couché », il remarque, acide : « De plus en plus d’acteurs, de chanteurs et d’écrivains – tous ces grands démocrates qui se croient une âme de gauche – étaient horrifiés à l’idée d’être assis face de moi et ne voulaient plus venir sur le plateau de Ruquier. »
Vis-à-vis de la télévision, qui lui a apporté la reconnaissance et le succès, le journaliste du Figaro ne fait aucune concession. Pour lui, « la télévision est un univers abêtissant, à la fois pour le débat intellectuel et politique. C’est un univers qui privilégie l’émotion sur la raison ». Il concède pourtant que c’est « un outil idéologique formidable » et qu’il l’utilise « comme un vecteur de diffusion de [ses] convictions et de [ses] idées ». « La bagarre idéologique se fait désormais à la télévision, plus dans les revues ni dans les think tanks », semble-t-il regretter…