Les observateurs attendaient beaucoup de la venue du fondateur et Président de Facebook Mark Zuckerberg au Parlement européen le 22 mai 2018. Une occasion de lui poser de nombreuses questions sur les failles du réseau social par exemple autour de l’affaire Cambridge Analytica que nous avons déjà analysée ici il y a peu.
Un format complaisant, un discours aseptisé
Malheureusement le format choisi (par le Parlement ? Par Facebook ?) était fait sur mesure pour le fondateur du réseau social. 7 minutes d’accueil du Président du parlement Antonio Tajani, 11 minutes de discours de réponse, 35 minutes de questions de parlementaires et 25 minutes de réponses en bloc de Zuckerberg qui pouvait ainsi choisir les bonnes questions et éliminer les mauvaises. Devant le Congrès américain (et pendant cinq heures), il avait dû répondre à chaque question une à une sans pouvoir les esquiver. Ce qui a donné des déclarations lénifiantes comme :
« Les questions de protection de la vie privée ont toujours été incroyablement importantes pour les gens. L’une de nos plus grandes responsabilités est de protéger les données. »
Ou bien encore :
« Nous n’avons pas pris une vue assez large de notre responsabilité, c’est une erreur et je suis désolé pour cela… assurer la sécurité des personnes sera toujours plus important que maximiser nos profits…tous les changements nécessaires à venir vont demander du temps… notre priorité est notre mission sociale… Grâce à Facebook les réfugiés en Europe peuvent rester en contact avec les leurs et se créer de nouveaux contacts en Europe».
Quarante questions demeurées sans réponse
Le site anglo-saxon spécialisé Gizmodo a listé quarante questions auxquelles Zuckerberg s’est bien gardé de répondre, vous les trouverez toutes (en anglais) ici. Quelques unes nous ont semblé notables.
L’eurodéputé français Nicolas Bay :
- La censure arbitraire appliquée par Facebook est elle compatible avec les valeurs fondamentales de notre démocratie ?
- La chasse aux fausses nouvelles est elle en train de devenir un prétexte pour chasser et réduire au silence les libertés d’opinion et d’expression ?
L’eurodéputé allemand Jan Philipp Albrecht :
- Pouvez vous assurer que les données des utilisateurs européens ne seront pas utilisées ou échangées entre Facebook et WhatsApp ?
Et le Belge Philippe Lambert :
- Facebook va-t-il payer ses impôts dans tous les pays où il a une présence opérationnelle ?
Zuckerberg s’est contenté de répondre qu’à la fin 2018 le réseau social allait employer dix mille personnes dans douze pays européens, ouvrir de nouveaux centres de recherches en France et au Danemark. Pour mémoire le centre de profits européen du réseau social est en Irlande, on ne parle pas de déménagement.